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DEATH METAL  |  STUDIO

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1991 1 The Magus
1994 We Are Death Fukk You

SADISTIK EXEKUTION - We Are Death Fukk You (1994)
Par CITIZEN le 19 Août 2017          Consultée 2022 fois

Étendues glacées de Norvège, marais putrides de Floride ou du Brésil, sombres forêts de France et d’Ukraine, chaque région propose sa vision locale de l’extrémisme musical. La plupart d’entre eux élaborent, réfléchissent, proposent. Une méthode pas très australienne. SADISTIK EXEKUTION, sans doute le groupe le plus instable de tous les temps (je n’ai jamais saisi comment ces mecs ont réussi à se concentrer suffisamment pour enregistrer plus de 5 secondes de son d’affilée), n’en fait rien. SADEX impose ce qui n’est pas une vision musicale (qui suppose d’avoir des esprits fonctionnels) mais le fruit non calculé de la collusion de quatre personnalités dérangées, alimentant nombre de mythes plus ou moins vérifiables mais créant certainement l’une des images les plus parfaites qui puissent se faire du groupe de Metal agressif et taré (les vidéos YouTube répercutent une infime portion de cette imagerie mais d’une manière déjà suffisamment évocatrice, après je ne vais pas décrire des vidéos et pour ce qui est des rumeurs qui ont échappé au regard des caméras, je vais laisser travailler votre imagination, je vais juste vous préciser que la plupart font intervenir du pipi, du caca et de la violence).

SADEX échappe à la plume et à l’esprit des commentateurs médiocres. Oubliez d’emblée toute formule toute faite de type "sans compromis" (ou pire encore "ils sortent l’artillerie lourde comme un rouleau compresseur", AY TSAY TAY RAH), surtout celle-ci qui implique que SADISTIK EXEKUTION, qui opère sur un tout autre plan, soit profondément astral soit profondément infernal qu’en sais-je, ait quelque principe à trahir ou à compromettre. C’est nullement l’impression que donne le groupe, qui semble être constitué de démons affolés s’étant accidentellement téléportés en plein milieu d’une session d’enregistrement, retranscrivant ainsi sur support physique le bruit rituel auquel ils s’adonnent en enfer, ou dans quelque dimension tourmentée et inaccessible qui voudrait bien d’eux.

Décrypter la carrière de SADEX c’est observer avec effarement une sorte de ressac infernal qui voit le groupe tanguer étrangement entre différents types de violence extrême, sans cohérence aucune. Un premier album enregistré avant la fameuse barrière des années 90 restant le plus culte pour son côté synthétique développant juste dans les bonnes proportions chacun des éléments qu’on retrouvera de manière poussée à l’absurde sur chacun des albums suivants - la fin de la carrière, qui commence assez tôt pour SADEX, dès "K.A.O.S", soit pour la majorité de ses albums, et qui inclut également les full-lengths (full-lengths, c’est peu dire quand on parle d’une éternité dans le vortex de l’enfer amusical de Sidney) "FUKK" et surtout "FUKK II", ne sont qu’une bourrasque de violence sans aucune trace de contrôle, de structure ou de retenue. Ni régressif ni linéaire dans sa trajectoire, SADEX a alors ramené son propos à son essence la plus pure sous la forme indépassable d’un gigantesque "FUKK", il a simplement rejoint le vortex où il peut s’adonner pour la fin des temps à la plénitude infernale cosmique de la force démente qui les agite. Une carrière très riche et il est d’ailleurs soit surprenant soit révélateur que personne sur Nightfall n’ait cherché à la remplir en quinze ans.

Sur ce deuxième album (le zine du cher Zodd comporte d’ailleurs une interview de SADEX qui revient sur le titre de celui-ci), SADEX recrute le guitariste qui deviendra le membre manquant jusqu’alors pour compléter le cirque infernal* qui donnera les albums les plus foutraques et tarés du groupe. Si "The Magus" profitait des services du guitariste de SLAUGHTER LORD, déjà très ambitieux dans la nouvelle forme de violence musicale élaborée, celui-ci restait ancré dans un format relativement modéré quoique crado et intense. Reverend Kriss Hades, qui le remplace, est un black-metalleux pur jus qui va se voir forcer de jouer une formule Death Metal plus terre à terre, l’espace de cet album qui comporte ce que SADEX a fait ressemblant le plus à du Metal extrême basique, à savoir un déferlement de Death Metal caverneux et remarquablement intense. Pour une raison ou pour une autre, toute forme d’ancrage dans un style précis ou de référence à d’autres artistes précédents ou contemporains vole en éclat dès l’album suivant ou SADEX se dilue en une espèce de Grind proprement incompréhensible qu’il faut entendre pour croire.

Tout cela ne concerne que quelques morceaux cela dit, puisque une bonne moitié de l’album est composé de pistes atmosphériques occultes bizarres qui entrecoupent les morceaux plus Metal, l’album se concluant sur une piste bruitiste angoissante avec foutre synthés morbides, larsens, choses vaguement industrielles et cris hasardeux qui passent comme un ptérodactyle spectral dans une vignette de sphère protoplanétaire frappée de météores. Et même les titres plus classiques font dans la surenchère et ne se départissent jamais d’une ambiance malsaine, doublée d’une impression d’être dans un asile de fous quand le groupe entier semble se disputer pour gueuler en première ligne. Le son est aussi assez effroyable et écrase lignes de guitares épileptiques et batterie affolée (Kriss Hades a déclaré que les musiciens étaient tous en compétition pour jouer le plus rapidement) dans un merdier impénétrable, dont même les quelques morceaux dont on peut saisir les tenants et aboutissants ne sont pas aussi tubesques que "The Magus". C’est tout ça SADEX, au-delà de son image simiesque et de son orthographe épileptique, un groupe trop authentiquement enfermé dans son propre univers pour avoir envie de faire autre chose que son bruit personnel, qu’il prenne la forme de Metal ou d’Ambient, consentant parfois, peut-être par hasard, à lui donner un aspect appréciable, ce qui va disparaître dès l’album suivant.

Le tout évidemment agrémenté Artwork possédé de Rok, coup d’œil sur l’enfer et ses squelettes aux poses tétanisées (ou bien UN POIL maniérées) observés en pleine torture, qui pourraient sortir d’une pochette de VOIVOD dix fois plus dégénérée meets "Hellraiser" en passant par l’enfer dans "Event Horizon". Une aide visuelle certes évocatrice mais honnêtement… Si on avait pas eu ces peintures sous les yeux, est-ce que ce serait pas les mêmes images qui s’imposeraient instantanément à l’écoute de SADISTIK EXEKUTION ?

*cf le flyer "It’s not a band, it’s a circus !"

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- Rok (chant)
- Rev Kriss Hades (guitare)
- Dave Slave (basse)
- Sloth (batterie)


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