SADISTIK EXEKUTION n'a pas eu de chance, le retard à l'allumage d'un premier album composé longtemps avant son arrivée dans les bacs a eu raison d'un statut qui aurait été tout autre si "The Magus" avait été disponible chez les disquaires dès 1987. Mais alors que beaucoup ne connaissent le monstre que de nom, qu'ils l'assimilent probablement à un énième combo de Black Death garage à l'intérêt musical minime, d'autres connaissent la véritable histoire d'un précurseur et savent que cet opus originel baigne bel et bien dans la même eau croupie mais fertile que les premières patouilles de POSSESSED ou MORBID ANGEL. Un vrai grand ancien donc.

Quoique… parfois la précision a du bon.
POSSESSED et MORBID ANGEL, deux entités qui connaissent leur entrée aux enfers avec plus de deux ans d'écart, un temps infini lorsqu'on évoque certains genres musicaux pour lesquels il suffit parfois de très courtes années pour avoir tout dit. Quand on sait que HELLHAMMER, c'est encore un poil avant et que SADISTIK EXEKUTION c'est un poil après, le gang de Nouvelle-Galles du Sud reprend aux yeux de tous une posture plus modeste, celle d'un second couteau de la première division du néolithique pour faire un peu compliqué.

Une posture qui lui sied à merveille, SADISTIK EXEKUTION se voyant bien incapable d'accéder aux mêmes cieux que ses illustres prédécesseurs. SADISTIK EXEKUTION, un fond de redite musicale, un caractère punkoïde (une allure et des riffs) et rentre-dedans qui percute de front toute notion d'excellence musicale, un encens diabolique un brin cheap. Une fois encore, la fouille méticuleuse des entrailles de l'underground n'aura pas révélé l'inestimable pépite sinon un gros caillou.

Solide cependant. Car si trop souvent les excavations n'aboutissent qu'à une sérieuse perte de temps, le bout de rocaille aujourd'hui extirpé des tréfonds du tréfonds se compose de suffisamment d'arguments pour susciter l'intérêt même d'un vieux rabougri comme moi. En rien novateur, jamais génial, guère brillantissime plus de quelques secondes éparses, "The Magus" nous gratifie malgré un canevas classique dans son barbarisme et une écriture modeste (d'autres diraient des compositions vite torchées) de moments simples de jouissance facile. Un compliment difficile qu'il aura fallu m'arracher de la bouche, un compliment tout de même. Un compliment renforcé par la qualité d'une production audible mettant en avant les meilleurs atouts du combo, un chant diabolique et honnête, une basse qui vrombit afin de faire écho à l'étiquette Punk de l'album. And last but not least, évoquons brièvement l'importance des claviers, catalyseurs bien maniés d'une atmosphère foncièrement occulte, du pas cher tout en plastique qui mène un office salement kitsch mais passablement évocateur. Une invasion totale en fin de galette.

Reprenons nos deux derniers arguments, l'excellence de la basse et du synthé, écoutons "Sadistikly Exekuted", véritable résumé de tout un disque. Un résumé qui devrait suffire à chacun pour se faire une opinion. Mais attention, ce titre particulièrement bien bâti, en plus de montrer une efficacité folle, figure parmi les mieux exécutés d'un opus dont je ne peux nier l'esprit amateur et qui, voulu ou pas, le dessert légèrement. "The Magus" est souvent brouillon, c'est aussi bête que ça. Alors peut-être faudrait-il se concentrer sur ce titre ainsi que sur quelques passages décisifs, plus réfléchis que d'autres et qu'il serait trop compliqué de lister ici afin d'apprécier au mieux un second couteau vaillant et sympathique, überkult pour nombre de Blackeux voyant en lui une des préfigurations du Satan qu'ils dessinèrent au début des années 90.