SADISTIK EXEKUTION est considéré par beaucoup et à juste titre comme le groupe le plus fou / barré / barjot / cinglé / taré / timbré / aliéné / fêlé / sonné / givré / détraqué / désaxé / dingo / dément / farfelu du monde. C'est également un des plus dignes représentants du Death Metal et un des meilleurs groupes du genre, sans le moindre doute. Le groupe a traversé les décennies comme un météore, vivant dans l'incertitude et le chaos des vrais punks et crachant une violence infinie qui leur est propre.
Il y a autant d'histoires folles sur SadEx qu'il n'y a de fans du groupe.

Pour "The Magus", SadEx en est encore à ses balbutiements et n'a pas encore son line-up "classique" pour lequel il sera dès son deuxième album reconnu mondialement. On sait toutefois que Rok, le chanteur/leader/graphiste du groupe dépensa tellement d'énergie pour promouvoir SADISTIK EXEKUTION qu'avant même que le groupe ne sorte quoi que soit, le monde entier était au courant de son existence. Une gentille légende raconte qu'en 88 il n'y avait pas une toilette en Australie où l'on avait pas tagué un truc du genre "SADISTIK EXEKUTION FUKK YOU".

On a beaucoup débattu sur la date exacte de l'enregistrement de ce premier album, ROK confirmait en 97 que l'enregistrement daterait de mi-88, ce qui semble plus raisonnable que le 1986 trop longtemps répandu par les petits plaisantins de Metal-archives. Mais même pour 1988, SadEx reste particulièrement en avance sur son temps, avec l'emploi de claviers ambiants ainsi qu'un sens de la vitesse et de la lourdeur particulièrement aigu.

Seul bémol, une fois l'album enregistré, la (mauvaise) réputation du groupe le précède tellement qu'aucun label ne veut se risquer à produire "The Magus". Il faudra attendre 1991 pour que le label australien (et bancal) Vampires Records accepte de produire à perte ce petit bijou du Death Metal.

Avant d'aller plus loin on précisera tout de même que "The Magus" est l'album le moins aimé de la discographie de SadEx par ses membres, le groupe en étant à l'époque à sa première expérience dans un studio et ne sont pas du tout satisfaits du rendu du son. Le titre atypique "The Magus" vient d'un livre de magie écrit par Francis Barrett au début du 19ième siècle. On doit ce titre à Sloth, le batteur qui à l'époque était fasciné par l'occultisme et co-écrivait les paroles du groupe avec Rok.

"The Magus" est donc un album de Death Metal relativement rageur qui possède un charme tout particulier. Le chant de Rok est véritablement écrasant, un des chants Death les plus caractéristiques probablement. Au fil des albums, il deviendra de plus en plus déchainé, ici on sent encore une certaine retenue, une volonté encore très Black Metal d'effrayer. Les parties à la basse écrites par monsieur Dave Slave (qu'on pourra facilement considérer comme une des plus grands prodiges de l'instrument) offre une rythmique rapide et calculée, très variée et occupant une grande place dans la musique des Australiens. La batterie, jamais vraiment virtuose soutient la basse et le chant de manière honnête. On notera la présence des claviers qui donnent ça et là des connotations mystiques à l'album.

Sur "The Magus" il y a de très grands morceaux, comme "Sadistikly Exekuted" (complexe et efficace) ou bien sûr le classique "Agonizing The Dead" que j'ai toujours considéré comme le "Freezing Moon" du Death metal (les similarités entre les deux morceaux sont assez frappantes). Mais le reste a du mal à atteindre en intensité ces deux perles, on a généralement affaire à du Death/punk bien exécuté mais sans plus. Les soli de Sandy, guitariste de formation Heavy Metal à la base, apporte de temps à autre un peu de fraicheur à ses compositions qui à cause de la production mal calibrée ont beaucoup vieilli.

Le premier SadEx, anachronique et classique, est donc un album de Death Metal un peu entre HELLHAMMER et NECROPHAGIA, avec son lot de coups de cœur et de coups de pied. Il est un peu l'équivalent de "Scream Bloody Gore" enregistré à la même époque, un bon album mais loin des chefs d’œuvre que le groupe s'apprête à produire. Si le passé vous manque, une bonne bouffée du premier SADISTIK EXEKUTION vous ramènera dans les 80ies en un clin d’œil.