Le Death Metal Underground est parti en croisade. Le but sacré de cette expédition ? Remettre la Mort au centre de leur musique, abandonner les si futiles frontières de genre et surtout ne reculer devant rien pour reconquérir leur héritage. Avec REPUGNANT, NECROWRETCH ou VENENUM, GRAVE MIASMA est un des princes les plus nobles de cette sainte expédition.

Né sous le nom ô combien générique de GOAT MOLESTÖR, se mettant au service d’une Black Metal aux mauvais relents, cette formation anglaise ne tardera à se rebaptiser GRAVE MIASMA et à offrir au Death actuel quelques unes de ses plus méchantes pièces.
Après un "Exalted Emanation", mini album qui continue de fasciner l’underground, et une compilation baptisée "Realm Of Evoked Doom" (titre revendiquant des influences aussi diverses que HELLHAMMER ou SADISTIK EXEKUTION), il était temps pour GRAVE MIASMA de nous cracher son premier album, sobrement nommé "Odorori Sepulchrorum" (traduction latine du patronyme du groupe).

Entamé par un très convaincant "Death Meditative’s Trance", l’album nous plonge sans détour dans son univers de tombeau. Les années de pratique et de tournées ont véritablement payé : l’œuvre est sertie d’une justesse d’exécution si parfaite qu’il ne peut y avoir de doutes sur les intentions de GM ! Leur but est de nous délivrer un concentré de Death puant, une musique occulte, pleine de vieux ossements reliés entre eux par de vieilles et vilaines toiles d’araignées.

Plus que le travail des atmosphères et la brillante production (toute en profondeur), c’est la composition et le culte de la maîtrise qui règnent en maître sur "Odorori Sepulchrorum". Les breaks abyssaux de "Ascension Eye" ou de "Ovation To A Thousand Lost Reveries" sont des affaires de froid calcul pour un résultat véritablement viscéral. Ainsi tout l’album se présente sous forme de long rituels méticuleux convoquant quelques sales zombies à fouiller dans vos tripes.

La voix de "Y" est sans conteste une des plus caractéristiques de cette nouvelle mouvance Death. Le chanteur parvient aisément à dominer l’orchestre et à aspirer encore plus l’auditeur dans le maelström funéraire que les guitares édifient plan par plan. L’album s’avère d’ailleurs être un véritable modèle de construction de Death Metal, les enchaînements parfaits au sein d'un titre comme "Odoratus Sepulchrorum" sont tellement efficaces qu’on n’ose imaginer une autre façon de faire (avec ce solo crépusculaire en fin de titre, quel puissance).

Ce premier album, qui est trop bon que pour être simplement considéré comme "juste un premier album", s’impose donc comme ce qu’il y a de plus proche d’un manifeste en matière de Death Metal sombre et laid. Ça sera d’ailleurs peut-être la seule reproche que je ferai à l’album, c’est cette froideur d’exécution qui semble légèrement contenir la folie qu’on trouvait si présente sur le mini album précédent. Une œuvre peut-être légèrement handicapée par sa propre finesse.

Reste néanmoins que le groupe délivre ce qui se fait de plus impressionnant en Death Metal actuel. Cet album est un pilier inébranlable reliant le monde des Morts au nôtre. "Odorori Sepulchrorum" est une belle référence dont chaque titre est une leçon de savoir-faire. La Mort avec un grand M enfin remise au centre du Death Metal.