Ce troisième album d'AFTER THE BURIAL a le potentiel pour décevoir tout le monde, et ce pour tout un tas de raisons. D'une part les "puristes" du groupe, qui apprécient les deux efforts précédents seront déçus du changement de chanteur et le changement d'orientation du groupe. D'autre part les personnes qui comme moi n'accrochaient pas jusque-là à la froideur technique du groupe ne se réjouirons pas complètement de cet album par lequel AFTER THE BURIAL semble rentrer dans le rang et se mettre au Metalcore à la mode 2010.

Avec le recul, il n'est pas si horrible, ce "In Dreams", il propose d'une part une production beaucoup plus propre (plus impersonnelle et commerciale diront les fans de la première heure) que ce à quoi ATB nous avait habitués. D'autre part le groupe introduit des guitares et des rythmiques djent çà et là, en 2010 c'était de bon ton, et même si ça n'est pas encore maîtrisé, c'est une bonne annonce de ce qu'ATB deviendra. L'aspect Metalcore lui non plus n'est pas mal exécuté, un peu trop imité sur un PARKWAY DRIVE ou un AS I LAY DYING en vogue à l'époque. On a même l'impression que Sumerian Record les a poussés à introduire du chant clair, ce qui ne va pas vraiment avec l'idée qu'on se fait du groupe, censé être technique et bourrin. Sur "In Dreams" certains passages en chant clair ne sont vraiment pas pertinents, là ou d'autres groupes maîtrisent très bien leur introduction, ceux d'ATB me laissent perplexe.

Ce qui est un peu regrettable, et que je veux bien accorder aux amateurs des précédents albums, c'est qu'on a le sentiment d'assister à une perte de technique et d'inspiration de la part d'AFTER THE BURIAL. En effet d'une, le nouveau hurleur n'est pas aussi convainquant que le précédent, de deux la guitare solo ne propose quasi plus rien de remarquable, de trois le fait qu'ATB aille puiser dans d'autres style en pompant sur d'autres groupes est inquiétant et ennuyeux. En fin de compte l'album semble être le fruit d'une exploration du groupe qui cherche une nouvelle recette, quitte à mettre des ingrédients peu originaux, il en ressort un album très moyen, pas vraiment mémorable.

Mais on ne peut pas toujours réussir du premier coup, ce travail est un jalon dans la carrière d'ATB, qui note transition entre leur première et seconde époque. Que l'on préfère la première ou la seconde ère, ou les deux, je doute que "In Dreams" satisfasse pleinement qui que ce soit, mais paradoxalement l'histoire a montré que son existence en tant que charnière était une bonne chose.

Le cas ATB illustre bien la différence d'appréciation qu'il y a entre un auditeur qui suit un groupe, découvrant les disques au fur et à mesure des sorties, et un auditeur arrivé sur le tard qui découvre le dernier CD puis écoute tout une discographie dans son ensemble. Qu'est-ce qui vaut mieux pour proposer des chroniques pertinentes : avoir un point de vu chronologique et bien connaître le contexte de chaque sortie de disque, ou bien avoir du recul et une vue d'ensemble sur la discographie, détaché des circonstances des sorties ? Éternelle question, chacun ayant sa manière d'aborder un groupe, à propos d'ATB j'ai découvert sur le tard, en 2013, et j'ai pris le parti d'écouter dans l'ordre chronologique, et si les trois premiers disques n'ont pas su trouver grâce à mes oreilles, je vous garantis que j'apprécie grandement le groupe ! J'essaye donc d'être juste avec eux, même si ça signifie être dur.

La note finale sera 2,5 étoiles pour la tentative que représente l'album.