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DOOM ATMOSPHéRIQUE  |  STUDIO

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SUBROSA - For This We Fought The Battle Of Ages (2016)
Par POSITRON le 14 Novembre 2016          Consultée 3678 fois

"Мы"*, en anglais "We", en français "Nous Autres" est un roman écrit par Ievgueni Zamiatine en 1920. Résolument dystopique, "Nous autres" se pose comme un précurseur des plus célèbres représentants de la dystopie en science-fiction, les évidents "1984" ou "Le meilleur des mondes". Il contient en effet nombre des thèmes clés abordés par le micro-genre : le totalitarisme, la privation des libertés, la surveillance permanente, la régulation des rapports sociaux et affectifs et la déshumanisation en général. "For This We Fought The Battle Of Ages", nouvel album de SUBROSA, est basé sur ce roman. C'est également ma première sélection sur NIME.**

Si "More Constant Than The Gods" n'est jamais parvenu jusqu'à vos conduits auditifs, un rapide regard aux sections encadrant ce texte vous permettra de lire "Doom Atmosphérique" mais également par deux fois "Violon".

Doom atmosphérique est un peu réducteur. Outre le Doom "pur", SUBROSA transpire nombreuses influences dont les plus visibles sont le Sludge Atmosphérique, le post-rock et le folk mais aussi la musique de chambre ou même en creusant un peu (beaucoup ?) le noise rock ou le rock gothique. Débranchez les premières minutes de "Troubled Cells" vous avez une ballade folk... enfin la version subrosienne. Le Stoner fut autrefois de la partie mais je semble être le seul sur internet à trouver que sa participation est aujourd'hui négligeable. Jugez par vous-même.

Le violon ou plutôt les violons, maniés avec grâce constituent une caractéristique fondamentale de SUBROSA. Tressant mélodies et textures, contrepoints et accompagnements, acoustiques ou électrifiés, GODSPEEDiens, lacrymaux, fantomatiques, grinçants, éthérés... Ils se partagent avec le chant la tâche de mener tels les capitaines d'un navire le grondement guitaristique à travers l'étendue temporelle des morceaux.

Poursuivons.

Si vous êtes déjà familiers avec "More Constant Than The Gods" – si ce n'est le cas je vous enjoindrais à le devenir – vous êtes logiquement familier avec "The Usher", ouverture grandiose, superbe, dont le seul défaut est de faire ombrage au reste du disque***. Malgré la grande qualité de l'ouverture "Despair Is A Siren", SUBROSA ne reproduit pas cet exploit.

Et c'est peut-être tant mieux. N'ayant pas à souffrir sous le poids d'une ouverture si colossale, le disque respire beaucoup mieux ainsi et l'on observe de réelle rupture qu'avec l'inter/pré-lude chanté en italien (!) et joué à la lyre (!!) "Il Cappio". Les quarante-cinq premières minutes s'écoulent assez naturellement pour être cohérentes sans être trop homogènes, l'homogénéité dans la longueur étant l'ennemi naturel de SUBROSA.

Depuis cet accomplissement non renouvelé, SUBROSA a encore allongé un peu plus ses pistes dont deux dépassent quinze minutes et réutilisé ses constructions en mouvements, les variations de dynamique et d'intensité s'organisant avec un feeling assez Post-Metal/Atmo-Sludge.

Le ton, l'esprit restent assez proche des deux précédents albums, avec un bref retour bonus des growls de "No Help" : SUBROSA a clairement défini son esthétique et les limites de celle-ci. Il ne s'agit dès lors que de variations on a theme, d'explorer le champ des possibilités que le groupe s'est lui-même défini.

Citons une poignée de ces grands moments comme autant de victoires contre l'engourdissement de l'homogénéité et surnommons-les pour entretenir le trouble. Je n'ai aucun doute quand à la capacité de "Calling Through The Night", "Not One Mistake", "False Perfection", "La Battaglia" ou "Greater Good" de s'imposer à vous lorsque vous les écouterez sur leurs pistes respectives : un, deux, trois, cinq et six. Suivre les paroles pourrait aider mais chut, c'est un secret.

Les paroles sont une constante chez SUBROSA. Sans révolutionner la poésie anglophone au vingtième siècle les textes sont d'une qualité très appréciable et dont quelques passages ont sûrement, suivant votre inclination, la capacité de vous prendre l'âme en traître. Mais du contenu textuel de "For This" il y a un évidemment un élément immédiatement accessible et impossible à ignorer : son titre.

Ce combat des âges disputé par SUBROSA, quel est-il ? Il s'agit sûrement d'une thématique fondamentale du livre pré-cité sans quoi ce titre ne conviendrait à cette œuvre et le groupe aurait l'air bien con. Alors quoi, l'existence ? L'amour ? La liberté ? Le droit des peuples à se gouverner eux-mêmes ? Les thèmes délicats que sont la mort, le sexe, la religion ?

Dans une entrevue accordée je ne sais où, il est mention d'une phrase singulièrement acérée tirée de "Nous Autres" : "Zero freedom equals zero crime". La violence est au cœur de chaque être humain et la paix totale ne peut être atteinte qu'en la réprimant jusqu'à sa source, le cerveau de chaque individu : une solution effectivement proposée et appliquée dans "Nous Autres".

Œuvrer pour la paix globale semble être le plus haut degré d'engagement pour le bien commun. Mais si la paix globale, c'est-à-dire non pas seulement l'absence de guerre, mais l'absence de violence directe, indirecte, physique, mentale, sociale, institutionnelle, et pourquoi pas verbale, ne peut s'atteindre que par la destruction de l'individualité de chaque être humain... Alors que faire ? Où trouver la limite, le compromis, l'équilibre ?

Ce qui séduit notre héros de roman dans le mode de vie dans "l'ancien temps" c'est cette impermanence, cette imperfection, cette fragilité du bonheur que l'on conquiert et que l'on défend. Sans cette quête ordinaire, d'une ampleur à décourager les plus héroïques des personnages de fantasy, le bonheur est sans signification, sans consistance, en définitive passager et voué à la disparition.

Si je peux supposer que cette lutte est l'objet de ce Combat des Âges, cela n'est pas le plus important. Le plus important est qu'il y ait un combat.

There is no greater good

Il n'y a pas d'idéal.

____________________________

* Prononcé "Mwi" à peu près d'après un ami un peu russophone.
** Instant émotion.
*** Pour tout vous dire j'ai passé à peu près autant de temps à écouter "The Usher" que le reste de "More Constant".

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   POSITRON

 
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- Rebecca Vernon (guitare, chant principal)
- Sarah Pendleton (violon, chant)
- Kim Pack (violon, chant)
- Andy Patterson (batterie)
- Levi Hanna (basse)


1. Despair Is A Siren
2. Wound Of The Warden
3. Black Majesty
4. Il Cappio
5. Killing Rapture
6. Troubled Cells



             



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