Space, the final frontier. These are the voyages of the starship ENSHINE. Its mission: to explore strange new musical worlds, to seek out new sounds and new instrumentations, to boldly go where no Doom Metal band has gone before.

« Soyez les bienvenus à bord de la navette ENSHINE. Le voyage durera une quarantaine de minutes ; durant ce laps de temps, l’équipage vous prie de bien vouloir rester assis et d’écouter attentivement la musique diffusée par les paires d’écouteurs situées à votre gauche. Il vous est recommandé d’observer le paysage cosmique qui s’offre à vos yeux au travers des hublots de l’appareil, ce afin de magnifier l’expérience auditive que nous avons la joie de vous proposer. En cas de défaillance de l’astronef, il vous est prié de bien vouloir gagner la capsule de secours la plus proche en suivant les symboles lumineux inscrits sur les parois. Le capitaine et tout l'équipage vous souhaitent un agréable vol. »

Très bien, asseyons-nous. Le siège est confortable ; la casque audio l’est également. La place à ma gauche est restée vide : voilà qui est tant mieux, me dis-je, ainsi pourrai-je pleinement profiter du voyage de manière plus personnelle. Je jette un œil par la lucarne située sur ma droite. Mon regard est ébloui par le reflet de la lumière solaire sur la poussière argentée qui recouvre la surface de la Lune : d’une beauté froide et aride, figée dans l’éternité, un paysage de mort s’offre à ma vue. Si désertique, si inhospitalier, mais si fascinant… L’on en vient à s’oublier en contemplant ce cauchemar merveilleux, auréolé de la blanche luminosité venue des astres. L’univers est un vide empli de trésors, et rien n’est si beau que de partir à leur rencontre.

J’ajuste le casque sur mes oreilles ; toutes les lumières s’éteignent à l’intérieur du vaisseau, signifiant notre départ imminent. Je clos mes paupières afin de mieux me laisser emporter par la musique. Je sens les moteurs ronfler, la tension monter ; mon pouls bat de plus en plus vite pour mieux se joindre aux pulsations de la musique. Tout à coup, la fusée s'élance vers l'infini ; le premier riff commence, bientôt rejoint par le chant et la mélodie. Le décollage s'est passé en douceur, l'on peut à présent profiter du panorama visuel et auditif. L'on alterne passages intenses et rêveries planantes, l'esprit perdu entre les étoiles, charmé par l'immensité de l'univers. Les harmonies sont magnifiques, les couleurs splendides, la composition majestueuse… J'en oublie la réalité terrestre, la pesanteur n'exerce plus aucune force sur mon âme, et je me sens voler à travers la galaxie, mené par ces chansons aux accents cosmiques.

Incroyable évasion sensorielle que ce "Origin" : tout y est si beau que l'on en touche au sublime. L'on y distingue aisément les subtils reflets de SLUMBER, quelques pointes de SWALLOW THE SUN, mais ENSHINE en tire une musique encore plus contemplative, plus intimiste, plus songeuse. Il y a quelque chose d'ineffable dans ce groupe, une insaisissable touche de créativité qui lui permet d'atteindre les étoiles. La présence prépondérante des claviers participe énormément au développement des atmosphères stellaires, avec des sonorités enchanteresses qui évoquent la grandiose splendeur de l'espace. Il y a également une certaine mélancolie dans cette musique, une tristesse caractéristique du Melodic Doom/Death, mais conjuguée au désir de quitter le monde terrestre pour joindre le ciel, métaphoriquement et physiquement. Le cosmos est une échappatoire, une porte de sortie de l'existence vers l'au-delà.

Le voyage se poursuit ; l'on passe d'émerveillements en émerveillements, minuscule insecte suivant sa route dans un univers si vaste et fascinant. ENSHINE ne faiblit jamais, mais ne brusque jamais non plus : il caresse, il émeut, il verse une larme, mais jamais il ne tombe dans la violence gratuite. Sans cesse en évolution, il explore tout son potentiel créatif et le magnifie. Et lorsque les dernières notes de "Constellation" s'évanouissent dans le silence du vide intersidéral, l'on repose ses écouteurs avec délicatesse, les yeux brillant d'avoir vu autant de couleurs musicales en si peu de temps. Le vol s'est passé sans encombres, l'atterrissage s'est fait calmement, et la seule pensée qui vient à l'esprit est de savoir quand partira la prochaine navette vers les étoiles.

« Nous sommes bien arrivés à destination. Veuillez rester assis jusqu’à l’extinction totale des réacteurs. Le capitaine et le reste de l’équipage vous souhaite une bonne journée et espère vous revoir bientôt à bord de la navette ENSHINE » Oh oui, vous m’y reverrez bientôt. Il n’y a aucun doute là-dessus.