Aux USA il n'y a pas de FNAC ou de Virgin, pour acheter des disques faut voir avec Amazon ou des disquaires à l'ancienne qui marquent une description tellement pou-rave sur google map que le seul moyen de savoir s'ils vendent des CD, des Vinyls ou de la weed, c'est d'aller voir sur place. Bref, je me disais qu'aller chez un disquaire à Manhattan, ce serait sympa - je me suis auto-baffé pour ce comportement hipster – et donc j'ai noté vite fait trois quatre adresses sur un papier en me fiant à internet. Après une déambulation dans Midtown où apparemment l'espérance de vie du disquaire est bien plus courte que celle d'une guitare à un concert des WHO, je suis arrivé dans une boutique de lower Manhattan vendant manifestement des disques mais incapable de comprendre une question aussi simple que : vous avez du CONVERGE ?

C'était bien ma veine : une boutique de Musique Classique et de Jazz. J'aurais pu m'en douter à la population de hipsters et de Woody Allens qui épluchaient avec intérêt les bacs. Déçu mais pas vaincu, j'ai décidé de voir si je ne pourrais rien trouver d'intéressant en farfouillant un peu dans les bacs. Peut-être mettrais-je la main sur un album de Jazz qui me plait ? Les clients ont paru un brin étonné de me voir me coller un pain après avoir eu cette seconde pensée hipster de la journée.

Tout occupé que j'étais à me tâter entre l'achat d'un TELONIUS MONK à deux dollars et celui d'un JOHN COLTRANE que je n'écouterais probablement jamais, mon regard a soudain été accroché par une police d'écriture anormalement agressive. En tirant la jaquette et en voyant ce blason ultra-cliché marqué SWORN ENEMY, mon sang n'a fait qu'un tour : du Hardcore ! Le groupe ? Jamais entendu parler, mais à la typo on aurait dit du HATEBREED, allez, pour trois dollars, ça s'achète !

En sortant de la boutique, fier de mon achat, je me suis construit un a priori positif autour du disque. Le fait qu'il soit dans une boutique de Classique était forcément bon signe, il devait y avoir des signatures free jazz dans les compositions comme dans DILLINGER ESCAPE PLAN, ou au moins des constructions intéressantes. Cependant, une seconde pensée qui me faisait frémir commençait à m'envahir : Et si c'était… …du Hip-Hop ? Ça collait aussi, mais dans ce cas c'était sûr que c'était du Rap merdique vu le nom du groupe !

Il fallait que j'écoute rapidement pour dissiper le doute, de retour à la voiture garée à Staten Island, j'ai fait chier les colocs en mettant direct le CD dans l'autoradio. Et là ouf : c'était du Hardcore, du Metalcore même !

Par contre qu'est-ce que c'était nul.

Je vous ai raconté toute cette histoire parce que j'ai vraiment peu à dire sur l'album, dommage que le 1/5 fasse office de spoiler, en vérité cet album est la crème de ce qui se fait de chiant en Metalcore. J'ai d'ailleurs eu un sacré fou rire en voyant les chroniques des autres albums sur NiME (si j'avais su...), je n'avais plus qu'à ajouter ma pierre à l'édifice.

Donc comme d'habitude, SWORN ENEMY essaye de faire un Hardcore métallique à base de riff à deux notes mais n'est pas HATEBREED qui veut, il faut du break les enfants, il faut des rythmes un peu variés, il faut, il faut de l'inspiration ! Là, il n'y a rien ! Enfin si : de la colère, de l'énergie, des moshparts, de quoi faire des concerts en fait. Mais sur CD ça ne rend pas, on a juste l'impression d'écouter dix fois le même morceau, c'est terriblement pénible de le réécouter plein de fois pour en faire une chronique d'ailleurs.

Pauvre SWORN ENEMY, cantonnés à rester en seconde zone, mais que voulez-vous, avec un son et un style aussi cliché, une musique si pauvre, ils ne pourront jamais décoller. Pour me faire pardonner de cette cruauté j'essaierai de leur donner une chance en voyant si leurs premiers albums de 2001 et 2002 peuvent valoir le coup.