Rien ne va plus chez les filles de l'école. Le ciel leur est tombé sur la tête en cette année 84 ! Épuisée par le rythme des tournées, la belle Kelly Johnson quitte le groupe et part vivre à Los Angeles avec la RUNAWAY Vicky Blue. Bronze records leur maison d'édition s'effondre et la situation financière du groupe part tel le bébé avec l'eau du bain... Une cata ! Il faudra toute la force de caractère de Kim et Denise pour continuer le combat. Il n'est pas simple de trouver une remplaçante à Kelly, le choix se porte sur l'Australienne Chris Bonacci, mais elle ne chante pas, Jackie Bodimead ex SHE est alors embauchée au chant et aux claviers... Ce qui ne sera pas du tout du goût des fans européens, déjà perturbés par le départ de leur sex symbol... Les claviers risquent fort de ne rien arranger... La maison Mercury les signe, il faut vite entrer en studio pour rebondir !

La quasi totalité des compos est cosignée par Kim, Jackie et Chris. "Running Wild" sera donc le seul album enregistré par GIRSCHOOL en quintette.

Au niveau des soli, vous allez constater que Chris s'en sort fort bien, mais ne peut faire oublier la charismatique Kelly question look et attitude... Et le boulot de Jackie au chant est très correct, la nana est une professionnelle, pas de doute. Pourtant le son souffre de la comparaison avec les premiers albums, les filles tentent d'arracher l'adhésion du billboard US, mais rien n'y fait. L'esprit trop Hard FM de la pourtant pas désagréable de "I Want You Back" et sa jolie rythmique est bien loin de la non compromission d'antan. Les claviers sont de trop. C'est pourtant chouette, mais je me souviens parfaitement des réactions hostiles de fans en cette année 85. Idem pour "Nasty Nasty", que Kim parvient à rendre couillue par son chant agressif. Le titre d'intro "Let Me Go" est quant à lui en revanche un peu trop léger. On pourra aussi retenir la mignonne "Are You Ready".

Le meilleur titre de cette livraison 85 est donc pour moi la rapide "Something For Nothing", un excellent morceau de Hard Rock dans la grande tradition. Attention, nous sommes tout de même très loin de la trempe des classiques "Emergency" ou "C'mon Let's Go". Pour le reste, c'est donc plus difficile : ainsi, le slow "Running Wild" est une horreur. "Love Is A Lie" qui "bénéficie" de tous les trademarks des eighties au sens péjoratif, a très mal vieillie. "Can't You See" a une construction trop simpliste pour être convaincante. La reprise, pas géniale, de KISS est "Do You Love Me?", à vite oublier... Tentative peu réaliste de percer sur le marché américain... Ce n'était définitivement pas une bonne idée que de vouloir ainsi traverser l'Atlantique pour faire des billets verts... Nombreux s'y sont cassés les dents.

Kim et Denise sont aujourd'hui très sévères avec cet album. En plus du reste, la pochette est à gerber ! Je lui trouve quelques circonstances atténuantes, mais il est vrai qu'il n'est pas à la hauteur. Quelques titres surnagent toutefois et rendent son écoute possible... Mais pas nécessaire... Dur job que d'être nanas dans un milieu de mecs... Les filles passent donc un mauvais moment en ce milieu de décennie, mais elles s'accrochent.