Après un premier album de grande qualité, les filles de l’école enfilent à nouveau leurs jupettes et leurs petites sockettes blanches, et une nouvelle fois épaulées par le grand Vic Maile, se mettent au turbin sur leur deuxième opus. "Il sera celui de la consécration ou ne sera pas du tout", telle est la philosophie des nanas !
Admettons qu’elles sont admirables de non compromission dans leur recherche de l’épanouissement et du succès ! Elles apparaissent ainsi de dos - qui a dit c’est plus sympa ? - et toutes de cuir vêtues, sur la pochette du disque, jouxtant une superbe américaine. A propos signalons juste que le skeud ne verra pas le jour aux US, mais les yankees recevront un paquet cadeau Made in England avec la set list du premier album pour enrober le single "Hit And Run"… Allez comprendre les raisonnements des maisons de disques!

"Frappes et cours!", car tel est le titre du premier hit single, une bonne petite claquounette dans la tronche, ces guitares acérées et la voix de Kelly, plus agressive que d’habitude. Très sympa !
Mais rien en comparaison du direct qui vous attend lorsque vous allez pointer l’hymne "C’mon Let’s Go" sur le microsillon, les gars : une intro millimétrée à la batterie par la petite Denise, un riff de guitare qui va droit à l’essentiel, et le chant de Kelly, clair et tellement entrainant, ce refrain enfin, légendaire et totalement dément, qui vous fera dresser le poing et gueuler "C’mon let’s go" tout en headbangant tel un possédé, en vrai metalleux que vous êtes, c'est ça la vie ! Un petit solo de derrière les fagots tiré de la Lespaul gold de la belle blonde et hop ! Emballé pesé pour l’éternité! Merci les filles!

Assommés par la puissance du super classique, Vous allez toutefois vous réveiller tel un boxeur groggy que ses hommes de coin viennent consciencieusement d’arroser, car "Yeah Right" se propose alors à vos esgourdes : la bonne humeur et l’aspect pop de ce titre chanté par Enid font merveille, les plus anciens se souviendront des hilarantes interventions de Philty "animal" Taylor lors des tournées communes en lieu et place de la ménagère anglaise ! Putain ça c’est du souvenir !
Mais ne croyez pas que nous allons nous arrêter en si bon chemin car se pointe alors "The Hunter", pourvu d’une autre rythmique à découper à la tronçonneuse de Kim et Kelly, toujours avec cette dernière au chant. Dieu que c’est bon !

Et ouais , on n'est pas face à des poufiasses siliconées qu’on a choppé au conservatoire classique de Kaliningrad pour leur faire chanter du métal ici. C’est de la pure de la dure de la vraie ! En un mot comme en cent : de la londonienne ! Et comme le dit Kim : "il se trouve qu’il n’y a que des filles dans le groupe", il n’y a dans cette donnée aucune tentative particulière de se faire mousser, on ne peut pas d’ailleurs, dire que les nanas insistent vestimentairement parlant sur leur féminité. M’en branle, Kim restera à jamais une femme selon mon cœur ! Son attitude est depuis plus de trente ans exemplaire, sans concession et toujours optimiste malgré les difficultés.

C’est pourtant Enid la bassiste rouquine que l’on retrouve le plus souvent au chant sur ce deuxième skeud des écolières - Kim ne fait résonner son chant agressif que sur l'excellent "Kick It Down" - : sur plusieurs titres carrément rapides, comme "Victim" ou "Watch Your Step" qui dépotent sévèrement, ou sur la flamboyante reprise du "Tush" des ZZ TOP. II faut oser se frotter au répertoire des machos barbus texans lorsqu’on est une frêle jeune fille ! Mais le résultat est vraiment à la hauteur ! J’en veux pour nouvelle preuve la monolithique "Following The Crowd" et son refrain aux forts relents Maideniens. On est en 83 !

Allez, je vais tout de même évoquer la réédition de 2004, puisque cette dernière ne contient pas moins de 9 titres bonus dont les titres de faces B de "C’mon Let’s Go" soit "Demolition Boys" et "Tonight", mais là n’est pas le point où je veux en venir.
Car vous voyez les titres 12 et 13 ? Tirés du projet HEADGIRL : "St Valentine’s Day Massacre", soit la mise en commun des ressources des écolières et de la tête à moteur ! Ca fout les jetons hein ? Et quand vous aurez entendu la grosse voix bourru de Lemmy partager le chant avec Kelly puis Fast Eddie Clarke partager des soli de feu avec cette même Kelly sur le méga classique des 50‘s "Please Don‘t Touch", vous saurez en quelle estime les MOTORHEAD tiennent les GIRLSCHOOL ! On baigne dans un esprit rock aujourd’hui disparu corps et biens !

Et il ne vous restera plus qu’à attendre le passage du B52 puis le célébrissime riff de guitare emprunté à leurs potes rosbifs, pour sentir poindre le démarrage d’une gaule irrépressible de tous les diables, qui ne pourra s’achever qu’en feu d’artifice peu avant le tintamarre des sirènes ! Vous savez quoi ? Je préfère cette version a celle de la bande à Lemmy, je le revendique, j’assume et vous pouvez tous me lyncher ! Rien à péter même que Lem est d’accord avec moi, quel homme de goût !
C’est mythique ! C’est "Bomber" !

Ce deuxième album achève de positionner les GIRLSCHOOL comme le pendant féminin de MOTORHEAD, avec toute l’honnêteté et la démesure que cela engendre. Grâce à ce "Hit And Run", les filles ont désormais leur place au panthéon de notre musique, à jamais!