Le groupe de Fredrikstadt, désormais actif depuis 20 ans et faisant figure de vieux de la vieille du Black Viking, après une inactivité de près de trois ans, nous proposent ici son sixième album, le premier produit par Indie Recordings après la rupture avec Napalm. Malgré ces évolutions, Peter Tägtgren reste à la périphérie des processus d'enregistrement. Et ce n'est pour une fois pas la rude nature polaire qui apparaît sur la pochette, signe que les Norvégiens tentent un coup plus appuyé pour attirer l'attention sur leur art. Le temps passant, l'idéalisme peut s'étioler. À défaut de vendre des semi-remorques de son raw Black, Dolk et ses sbires se voient bien continuer de faire partie de l'élite du Viking Metal, tant pis pour le blé, mais que l'aquavit coule à flot, par Surtur !

Alors la volonté se mue en puissance indomptable pour les besoins de la survie. Cela donne un morceau aussi dingue à l'écoute qu'est "Swarm Norvegicus", serait-ce un hommage déguisé au "Ratus Norvegicus" des STRANGLERS - a priori non - ? Mais il n'empêche que le titre se laisse apprivoiser, les hurlements stridents de Dolk foutent une ambiance parfois à la limite de la gerbe, mais le rouleau compresseur est en marche, dévastateur comme une charge des géants des glaces de Jotunheim. Certes le chanteur n'a rien d'un poète romantique, mais il fait le job. On retrouve cette science de la lancinance sur "Fortapelse", qui, enrichie d'un synthé discret, sonne déjà un peu moins raw, signe d'une petite évolution à signaler. Dans les petits trucs sympas de cette livraison, signalons aussi le bridge lourdingue de "Our Hounds, Our Legion".

On pourra objecter les rythmiques mille fois entendues et sans réelle originalité de "De Dodes Fane"... Et si "Our Hounds Our Legion" a un certain allant, elle pêche finalement quelque peu par manque de fond. Et ouais ! Bien sûr ! Ce sont toujours les même rythmiques crasseuses que proposent nos amis admirateurs de Wotan depuis "Mellon Skodgledde Aaser" il y a ... Bref... Un gros paquet de temps ! Mais il y a toutefois ce côté épique, doublé de la lancinance Drone, plus guerrier tu meurs, trademark de tout groupe de Viking qui se respecte. "Wylder" est quand à elle, une bonne vieille chevauchée de mammouths de l'ère pléistocène sur les valeureux premiers vikings... Ça donne cet instant très raw et définitif, indestructible, avec à nouveau cette propension "Drone" sur les licks de synthé. Finalement on peut évoquer l'influence de notre bon Vargounet époque "Filosofem" en plein ! Sympa ! D'ailleurs il y a du bontempi à tous les étages, voyez plutôt ce "Blod Eger Og Galle" sans postérité. Comme à l'accoutumée, dès que les collègues vikings essayent d'augmenter la vitesse de leurs compos, comme sur "Svarte Sjelers Salme" cela sonne confus et manque cruellement d'originalité, n'est pas WINDIR qui veut.

En fin de compte, on ne peut que rester pantois d'admiration devant ces vieux groupes vikings qui écument les scènes du Nord de l'Europe et parviennent à continuer de sortir des opus de temps à autre. Il n'y a rien de bien novateur là-dedans, mais quelques titres surnagent toujours. Il est toutefois certain que si les amateurs du genre apprécieront, aucun einheirjer ne viendra grossir leurs rangs désormais... Une note sympa, pour un groupe qui mérite notre considération, mais dont le momentum est derrière lui.