Les fiers vikings islandais de SKÁLMÖLD sont de retour après plus de trois longues années de hiatus ! Voilà qui n’est guère fréquent dans le monde de la musique ! Mais chacun a dû gérer sa vie et s’adapter aux divers évènements en cours tel le Covid. La nation islandaise s’y est adaptée avec la même facilité qu’elle sait vivre en harmonie avec la terre de feu et de glace qui la compose. D’ailleurs, le ministère de la culture s’est signalé en finançant a hauteur de cinquante mille euros ce sixième opus du comeback de ses rejetons, qui peut en dire autant de par le monde ? Même si nos fiers descendants de Ragnar et de Floki ont changé, que leurs familles se sont agrandies et leur travail a évolué, ce groupe d’amis reste soudé et fraternel comme au premier jour : équilibre gaieté et légèreté sont de nouveau à l’ordre du jour. Un petit mot sur la magnifique pochette les gars, c’est bien un fjord islandais, le Skagafjörður, avec un viking pyromane qui porte ses skis en bandoulière lors de la guerre des Sturlungars, dingue non ?

"Ýr" introduit l’album tout en douceur, comme si nous étions à une veillée de Noël, moment dont les islandais sont friands. L’éponyme "Ýdalir" reprend les évènements là où nous les avions laissé en plein de champ de bataille, la guerre des Sturlungars quoi, symbole de l’existence du groupe. On tue on guerroie on navigue, tout ce qui fait la vie des vikings. Un rythme de charge de cavalerie, des chœurs héroïques, Baldur et Björgvinn échangent le chant, et un petit lick de guitare, d’aucun dirait ressemblant à du MAIDEN, puis un solo phénoménal de Þráinn Baldvinson. Les guitares twins sont à nouveau là sur "Ratatoskur", avec une réelle identité Heavy et cette fois le nom de IRON MAIDEN n’est pas usurpé, même si le son est bien plus lourd et que Björgvin n’est pas Bruce Dickinson, cette fois c’est le clavier Gunnar Ben qui alterne de sa voix claire au chant. Le solo de Þráinn sur le bridge est de toute beauté, j’adjure les gratteux d’écouter les performances de ce mec très attachant.

Dans le trip cavalcade, "Veðurfölnir" se pose en parfaite héritière des classiques du groupe tels "Loki" ou "Sleipnir". Nous sommes pied au plancher – vitesse limitée partout à 90 là-bas ! Le magnifique bridge sous tendu par une nappe de claviers fantomatiques voit les twin guitares rugir de concert avec une maestria mélodique fabuleuse, bridge que Gunnar termine de sa jolie voix, alors que les grattes sont en tremolo picking pour rappeler que les Islandais étaient au début assimilés à du Black Metal Viking. On entre d’ailleurs dans le très vif du sujet avec les aspects Speed Metal de "Urdur", d’obédience finalement très Death, même si tous les chanteurs se succèdent. Le bridge propose des chœurs de toute beauté pour poser les jalons d’un monde épique que symbolise bien l’Islande.

Sur "Níðhöggur", Baldvin Kristinn Baldvinsson impose sa voix dans les chœurs opératiques avec celle de son fils Þráinn, en Islande y a pas d’âge pour faire du Metal même s'il est un peu extrême… De toutes manières croyez-moi les gars, parmi mes amis là-bas, de nombreux septuagénaires écoutent et headbanguent sur SKÁLMÖLD, qui est l’orgueil de la terre de glace. Baldvin impose sa marque et c’est juste beau, les gars allez écouter ça… Y a de quoi en chialer tellement c’est bien foutu, c’est tellement représentatif de la tolérance inconditionnelle que chacun ressent en vivant là-bas… Je rajoute que dans la vraie vie ce digne gentleman est un dresseur de chevaux. Voilà quel est sommet de cet opus à mon sens.

Toujours Gunnar et Baldur qui suppléent leur frontman sur "Verðandi", beaucoup d’ambiance de claviers judicieux et des grattes qui remontent le temps à la recherche de la quintessence Heavy des eighties le son en plus, il y aurait un peu du WARLORD de "Deliver Us" sur cette composition. Il y a presque un aspect teuton à la HELLOWEEN sur la coda, et ces grattes cristallines ! Gunnar prend carrément le micro à son compte sur "Skuld", Björgvinn se contente du refrain, qui apparaît comme une autre comptine horrifique qui eut pu sortir du dernier "Sorgír". Un nouveau solo mélodique et anti démonstratif de Þráinn achève de faire un nouveau classique pour le groupe. Enfin, on change de rythme sur la reptative "Ullur", qui n’a rien à envier aux ancêtres TROUBLE ou CANDLEMASS de fière renommée. C’est lent, pesant avec les ellipses de Gunnar au clavier, le titre s’étire en longueur sur onze minutes comme un conte de Tolkien. Le bridge voit le batteur Jon Geir imposer sa douce voix de conteur de sagas et d’eddas pour un rendu épique à souhait. Les choeurs aériens de tout le groupe en font un incontournable de cet opus.

C’est encore une flamboyante réussite pour nos camarades d’Husavik, petit port spécialiste de whale watching à la base, aujourd’hui aussi connu comme la base du groupe face à l’océan arctique. Je conseille vivement les écoutes de l’épique "Ullur" et surtout de la grandiose "Níðhöggur", en outre une analyse plus poussée instrumentalement révélerait un niveau exceptionnel de la part de tous nos musicos, un point solaire pour les interventions en six cordes de Þráinn, pour moi le guitariste le plus intéressant de ces dix dernières années sur le marché de la musique extrême. Rien n’y fait les albums se succèdent et sont toujours aussi excellents, cette pause s’est donc montrée efficace. Je mets un 4 pour ne pas me faire aligner par la rédaction mais j’aurais tout aussi bien pu mettre cinq… c’est dit et assumé.