Dans le style groupe de Metal Extrême français qui fonctionne très bien je demande SVART CROWN. Des petites et des plus grosses scènes, déjà trois albums... Mais une discographie encore assez inégale. "Witnessing The Fall" n'avait pas bénéficié d'autant de bons retours que "Profane" sur la toile, pourtant de qualité, et représenté par une pochette absolument sublime. Oui, c'est finalement mon plus gros regret pour ce dernier album, dont l'artwork ne me touche pas du tout.
Si vous n'avez pas encore eu la chance de les croiser en concert ou en festival, ou d'écouter un de ces albums, SVART CROWN joue un Black Metal massif teinté de Death, un genre de BEHEMOTH-like bien de chez nous.

Ce dont accouche la Madame de l'artwork, c'est une musique extrêmement puissante et groovy à la fois, sans tomber dans le cliché du riff incisif à répétition sans saveur. "Profane" est un album varié, on y trouve de tous les extrêmes : des titres de Metal bien bestial, et d'autres plus porteurs d'atmosphère et de noirceur subtile.
Un premier exemple apparaît avec "Genesis Architect", le titre qui reste le plus en tête par ses riffs et ses rythmes originaux, mais aussi pour son crescendo de fin. Et ouais, c'est pas parce que c'est du Black/Death qu'on doit être dans l'ultra brutal constamment. Le final de ce morceau est une première belle illustration de ce qui peut se faire de subtil et de lancinant. Le dernier titre est aussi l'une de ces notes d'ultra-violence mesurée qui devient la marque de fabrique de SVART CROWN.

Je parlais d'un groupe puissant mais possédant aussi quelque chose de plus groovy. Ces passages me rappellent parfois une version bien plus noire de groupes comme BOLT THROWER. Autant dire que le groupe puise vraiment des influences un peu partout.
L'ensemble a beau mettre en valeur, au premier plan la puissance massive de ses compositions, on ne tombe jamais dans le violent facile. SVART CROWN joue sur ce côté à plusieurs facettes. On a ces riffs compacts qui décollent la tête, l'intrusion d'éléments plus groovy, mais aussi une belle valorisation du côté technique du groupe. C'est rapide, c'est massif, mais on remarque toutes les petites subtilités du jeu du guitariste ou du batteur, dont beaucoup de petits détails qui rendent les compositions originales.

La dernière facette du groupe est celle qui s’attelle à la création constante d'une atmosphère spécifique. Rien que "Until The Last Breath" pose l'ambiance bien avant de partir dans les extrêmes. L'instrumental "Venomous Ritual" ou "The Therapy Of Flesh" s'égarent aussi dans des passages plus planants et atmosphériques. Ce type de morceau rend l'écoute de l'album loin d'être monotone. Plusieurs titres me rappellent de manière assez évidente GLORIOR BELLI dans la dissonance, le côté tourmenté des morceaux, mais aussi dans les intonations de voix qui ont quelques points communs !

Si SVART CROWN plaît, c'est parce qu'il se crée son univers propre, qui passe par l'atmosphère lourde, orageuse et crasseuse de ses titres, ses pochettes, ses noms de morceaux. C'est un ensemble, rien ne va sans le reste, et le fait que les compositions soient reliées à quelque chose de plus large leur permet de s'essouffler moins vite. Le côté massif de l'ensemble donne parfois quelque chose de très martial qui se rapproche du MARDUK récent, même dans le chant ("Genesis Architect").

Les Français me rappellent finalement beaucoup d'autres groupes, d'autres univers, d'autres styles. Quand j'en suis rendue à citer BEHEMOTH, GLORIOR BELLI, MARDUK, BOLT THROWER, et tant que j'y suis, on pourrait rajouter des exemples comme DEATHSPELL OMEGA ou des groupes plus lointains des sphères Sludge... Sans savoir s'ils s'en sont inspirés, on peut dire qu'ils réussissent malgré tout à se frayer leur passage entre les mailles des étiquettes générales des styles musicaux et leurs catégorisations fermes. SVART CROWN joue du Black/Death, on le sait, mais sans parler d'apprécier ou non, on se rend compte au fil des écoutes que leur musique ne peut se réduire à cela et on retrouve, dans chaque titre, le petit détail qui change tout, qui fait écho à quelque chose qui sort de la sphère unique du groupe et qui s'y rattache pourtant.