Nantes est une ville clairement Metal. Quand on se penche un peu sur nos assos, nos salles, et nos groupes locaux, il y en a pour tous les goûts et pour toutes les bourses. Et personnellement, je trouve que s'il y a bien un groupe à retenir au niveau de son ascension lente mais sûre dans la catégorie Metal Extrême du pays nantais, c'est WAR INSIDE.
En 2013, notre quintet foulait le sol du Metal Corner au Hellfest, et faisait également la première partie de BELPHEGOR en janvier dernier. Ce n'est pourtant qu'un peu plus tard dans l'année que ce premier opus sobrement intitulé "Welcoming The Crow" est sorti et a commencé à pousser comme une mauvaise herbe assez coriace dans l'ouest de la France.

WAR INSIDE n'est pas toujours très simple à qualifier. Par fainéantise, on dira Black/Death. Après quelques écoutes attentives, on se rend compte qu'on a autant du Black Mélodique que du pur Death bien incisif, un brin de DISSECTION qui vient flirter avec BEHEMOTH. C'est à nos autres Français de SVART CROWN (avec qui ils ont joué pour leur Release Party) qu'on attribue aussi quelques influences bien que l'idée générale en soit un peu déviée.

Si cela démontre une envie de ne pas s'enliser dans un style trop précis, on a aussi de quoi faire frémir des fans de Metal Extrême en tous genres. On peut alors apprécier un Black assez martial, un Death qui tabasse, des parties plus lentes et d'autres plus techniques ou mélodieuses. Si WAR INSIDE s'est fait désirer pour ce premier album tardif, ce n'est que pour le meilleur. Il en ressort, dès la première écoute, une impression de maîtrise. Sans grosse surprise ni grosse prise de risque, mais on peut largement faire l'éloge de la structure de leurs titres sur laquelle il y a rarement à redire. Les parties de guitare ont quelquefois un petit manque de punch, mais on retrouve une batterie et surtout un chant totalement à la hauteur, autant sur des passages où celui-ci est attendu que dans l'imprévisible.

On retrouve malgré tout quelques éléments qui font un peu déjà-vu mais qui sont utilisés ici avec une certaine modération, rien n'est jamais de trop, c'est presque toujours subtilement placé entre deux riffs, et on en vient à rapidement en déduire : "c'est exactement ce qu'il fallait, au bon moment, de la bonne manière". Seule surprise qui pour moi n'est pas tout à fait une réussite : les arpèges de "The Histrion", malvenus, maladroits, empruntés, et qui me semblent ne pas correspondre à WAR INSIDE, tout comme les hurlements style Black Dépressif qui suivent.

Mes coups de cœur iront quant à eux à trois morceaux en particulier. D'abord "L.S.L." sur lequel on ressent un peu plus une partie SVART CROWN, une atmosphère et un jeu sur les rythmiques plus poussés que sur le reste de l'album. Quelque chose de sale et de malsain en ressort, ce qui en fait un titre un peu à part. On retient aussi "The Stink" qui sonne un peu comme le tube de l'opus, assez accrocheur pour retenir l'attention dès le début de l'écoute. Reste "Dogs Ov Babylon" qui se compose de riffs vraiment bien pensés et de quelques structures un peu plus tirées par les cheveux.

Si l'album reste définitivement agréable à l'écoute et dans un domaine clairement maîtrisé, deux points me semblent rester en tête. L'ensemble a tendance à manquer un peu de dynamisme, un souci que je suppose dû à la production un peu trop lisse et claire. Cela contraste bien avec les performances live du groupe, ça étonne assez vite quand on connaît WAR INSIDE sur scène. Mais cela s'oppose aussi en quelque sorte à l'idée d'une ambiance insalubre qu'on se fait à travers les titres, et qui ne ressort pas tant que ça à cause d'un petit manque au niveau de l'installation des ambiances et d'une légère incohérence avec la production. À cela s'ajoute que l'album est assez court, un peu décevant quand on sait que cette première sortie était attendue. Malgré cela, il s'en tient majoritairement au nécessaire : on retrouve tout ce qu'on aime chez le groupe ou tout ce qu'il faut pour découvrir le panel assez général de ce que se permet de jouer WAR INSIDE.