Des fois on pense avoir un avis définitif sur un artiste, après avoir répété les écoutes, vu sous plusieurs angles en testant diverses parties de la discographie… C’est exactement ce qui m’a amené au fait que je ne pouvais pas blairer le chant de James LaBrie par exemple. DREAM THEATER, outre sa démonstrativité technique qu’il n’a su taire que trop peu souvent (le temps d’un "Scenes From A Memory" par exemple), était selon moi handicapé par un vocaliste dont les envolées aiguës m’étaient proprement insupportables et dont l’incapacité à reproduire sur scène les prouesses techniques et vocales des albums le décrédibilisait (même si je suis conscient qu’il a eu des ennuis de ce côté-là... Mais après tout Bono s’en est très bien sorti).

Et puis comme souvent, on arrive à se faire surprendre, malgré dix années d’écoutes Rock/Metal intensives par ledit artiste. James LABRIE sort un nouvel opus studio ? Mon émérite collègue Fredouille se plonge dans l’éponyme du Théâtre Du Rêve ; je vais donc tenter l’écoute, d’autant que j’ai plutôt reçu des avis positifs de la part de ce déjà troisième opus solo du chanteur canadien. À l’instar de notre doomster Enenra, il m’est communément difficile d’entreprendre le travail sur la chronique sans avoir un peu de bagage sur le groupe en question histoire de stimuler une certaine prise de recul sur le travail du bonhomme et tâcher de présenter l'album que je traite en perspective avec la discographie du groupe. Et je dois dire que je prends une sacrée baffe quand je mets "Static Impulse" dans le lecteur !

Le 29/07/2013 sort "Impermanent Resonance" et je suis déjà dans une meilleure dynamique pour ressentir ce disque. James LaBrie conserve ses musiciens et notamment le surprenant Peter Wildoer qui, quand il a repris le siège laissé vacant par Mike Mangini parti rejoindre DREAM THEATER, a marqué "Static Impulse" de son empreinte. Une nouvelle fois, avec son chant extrême et ses parties de batterie claires et efficaces parfaitement au service des riffs charnus de Marco Sfogli qui assurent une caution Metal indiscutable, la recette gagnante du précédent opus est toujours d’actualité. Ce son moderne et ce sous-accordage de la guitare assurent à l’album une approche moderne d’un Heavy Prog loin d’être dénué de nuances.

"Impermanent Resonance" est un très bon album de Heavy Prog où les claviers de Matt Guillory colorent l’ensemble avec finesse (écoutez-moi ces textures sonores sur "Holding On") mais aussi audace, par le biais d’une approche électro d'un clavier qui ne se refuse pas aux technologies récentes. L’album est parsemé de samples de cet acabit et de parties mélodiques qui troquent avec brio les cordes pour les Saw Waves et autres formes d’ondes carrées prisées par la musique électronique. Avec un travail instrumental formidable, James LABRIE livre une copie quasi-parfaite où subtilité et apparente simplicité avancent de concert pour nous proposer un album accessible et sophistiqué au potentiel indéniable. Nul doute que "Undertow" ou "Amnesia" auraient pu prétendre à une diffusion radio sans problème tant les mélodies sont efficaces et les structures limpides.

Et James LaBrie ? Suis-je bête, comment pouvais-je oublier de parler du principal intéressé ? Comment ? Pour une raison toute simple : si le nom James LABRIE est de toute évidence plus vendeur car jouant sur la notoriété du vocaliste, nous avons affaire à un groupe où aucune personnalité ne ressort plus qu’une autre. Si on réécoute "Static Impulse" on remarquera bien vite la patte du groupe James LABRIE.
Mais à titre particulier, je dois bien reconnaître que notre blond s’en sort à merveille, ne forçant jamais sur les extrêmes de sa voix pour privilégier un chant dans sa tessiture où son expressivité est bluffante. Notre Canadien joue la sobriété et je l’en félicite car il me fait apprécier ses qualités artistiques, parvenant même à me laisser les bras ballants sur un "Holding On" mesuré où le chant à fleur de peau joue son rôle à la perfection. James LaBrie a du métier et ça se sent, mais plutôt que de commettre l’impair de se mettre en avant par rapport à ses collègues, il se met au service d’une musique riche dont j’ai déjà vanté les qualités plus haut.

J’attendrai avec une impatience certaine le prochain recueil de compositions de James LABRIE même si l’on peut reprocher à "Impermanent Resonance" un petit ventre mou de "Lost In The Fire" à "Let It Go" qui le rend un poil moins bon que son prédécesseur. Toutefois on est en présence d’un album solide et ces trois compositions ne sont en aucun cas mauvaises, juste moins catchy, là où "Static Impulse" mérite selon moi la note maximale pour être parvenu au sans-faute grâce à une recette similaire. Ceci étant, il est fort probable que les amateurs de Heavy Prog plus classique se laissent davantage séduire par "Impermanent Resonance" du fait du net recul du chant Death sur cet opus où il est présent en touches plus sporadiques.

Top du top : "Agony", "Holding On", "Destined To Burn", "Amnesia".