RATT correspond parfaitement à la scène musicale californienne en ce milieu des 80’s et s’offre avec ce second album une assise confortable dans le cœur des Hard Rockeurs, mais surtout des fans, qu’ils soient blondes, brunes ou rousses (gnarf gnarf).

D’abord, RATT est un groupe de goût. Avec une telle pochette, il est certain que la musique à l’intérieur doit être bonne (rire gras !).
Plus sérieusement, la bande de rats a franchi un pas en termes de popularité, depuis ses premiers pas à San Diego, à son arrivée à Los Angeles pour y enregistrer son premier (mini) lp.

Après un "Out Of The Cellar" fantastique de bout en bout, quoiqu’un peu clinique, nos cinq garnements reviennent avec ce "Invasion Of Your Privacy" au titre sans équivoque. "You’re In Love" et "Never Use Love" en ouverture sont assez téléphonés, au propre comme au figuré, avec une interprétation automatique, voire robotique. Ne nous méprenons pas, les chansons sont bonnes, bien écrites, mais la voix de Stephen, très monocorde, ne leur rend pas vraiment justice…
Il faut attendre "Lay It Down" et son break annonçant un solo inspiré pour en retirer du plaisir. S’en suivent des mid-tempi assez convenus, souvent sauvés par des ponts et des solis qui finissent par nous convaincre.
La fin de "Between The Eyes", avec ses arpèges succints de guitare sèche en est notamment un exemple.

Il faut dire qu’on pardonne beaucoup à ce groupe, tant l’alchimie malsaine (au vu des relations conflictuelles qu’entretiennent ses membres) fonctionne à pleins tubes…
Pourtant, cet album est loin d’être exempt de défauts, loin s’en faut, avec de bons titres mais très standardisés, mais toujours enjolivés par des arrangements qui font que l’on cède à chaque fois, comme une sucrerie. C’est mauvais pour la santé mais c’est tellement bon qu’on en reprend une en cachette.

RATT c’est ça, de la gourmandise, qui plus est fabriquée par des orfèvres, car il faut insister là-dessus, les rats sont d’excellents musiciens, très affûtés, et ont cette intelligence d’écriture qui fait qu’on oublie vite leurs petites faiblesses.
Un songwriting classique, mais terriblement bien orchestré, voilà…
D’autant que ces derniers sont copains comme cochon avec le CRÜE, à qui ils sont souvent comparés à l’époque, sans pour autant les détrôner…
La comparaison peut d’ailleurs être sujette à question, tant le style musical proposé à l’époque par les deux groupes est similaire, ainsi que l’image de dépravés qu’ils ont en commun, et qui n’est pas du tout galvaudée, c’est le moins qu’on puisse dire…

La raison du succès d’alors de RATT, réside également dans le choix (?) de Beau Hill, qui produit une nouvelle fois ce disque, et qui l’améliore grandement avec ses arrangements subtils, qu’on imagine précis à la minute ! On se dit aussi que le producteur a dû être d’une patience à toute épreuve, afin de canaliser chacun des cinq musiciens, en les forçant à se concentrer sur leurs parties respectives.

Au final, un album vigoureux, bourré de testostérone et bien dans ses pompes, et en 1985, elles valaient cher.