"Welcome to Illusion", la troisième réalisation des Allemands de SHYLOCK, et le genre d'album qui vous attrape à la gorge pour ne plus vous lâcher. Entre BONFIRE, SHAKRA, SCORPIONS et BON JOVI, le quintet se montre alors capable, après deux albums orientés Hard Rock 80's, d'injecter des sonorités actuelles dans sa musique, livrant un opus varié et innovant. Trois ans plus tard, "Devotion" vient tenter de confirmer la bonne forme du groupe. Mais là ou "Welcome To Illusion" parvenait à s'installer durablement et résonner encore dans la caboche bien après son écoute, le quatrième album de SHYLOCK glisse sur son auditeur comme une douce brise sur les plumes d'un oiseau.

Peut-être un peu trop sûr d'avoir trouvé une recette qui fonctionne, le groupe se découvre une passion dévorante pour les riffs plaqués, saccadés et répétitifs. Ces derniers constituent l'essentiel d'un album une nouvelle fois d'une durée bien trop longue pour ne pas faire place à un remplissage préjudiciable. Comme pour se mettre un bâton supplémentaire dans les roues, l'album est doté d'une production mettant bien trop en avant la batterie, et conférant à la caisse claire un son sec et claquant bien peu agréable.

"Devotion", donc, n'est pas le genre d'album à mettre toutes les chances de son côté. Il faut, néanmoins, compter sur le talent brut du groupe et notamment de son leader Matthias Schenk, qui parvient à sortir de sa caboche une bonne poignée de titres vraiment bien sentis. On passera sur "Eternal Life" qui, souffrant du syndrome du "riff plaqué", sonne de manière bien peu naturelle, pour se pâmer à l'écoute des tubesques "Things Like That", "Ocean", "Anybody Out There" ainsi que de l'excellent "I Wanna Live" qui clôture l'album alors qu'il aurait bien joué le rôle du titre en troisième position (vous savez, celui censé mettre tout le monde d'accord après l'intro et le single). Il y a une classe et un savoir-faire enviables qui, de nouveau, jaillissent des cordes vocales et des lignes de guitare du groupe, qui n'oublient pas de glisser quelques sympathiques soli pour aérer ses morceaux (à noter celui de "Castaway", un modèle du genre).

Régulièrement, SHYLOCK propose malgré tout quelques étrangetés qui ne peuvent que laisser perplexe, à l'image de "Music", sorte de mélange entre Hard Rock et Electro teutonne, un raté inoffensif mais qui aurait trouvé bien meilleure place dans la benne à ordures plutôt qu'en position de choix dans l'album. D'autres titres, sans être véritablement mauvais, constituent une redite de morceaux déjà présents sur "Welcome to Illusion" : construction similaire, refrain peu ou prou identique, il est bien difficile cette fois-ci de s'enthousiasmer pour des titres tels que "The Rain" ou "Again" qui, malgré quelques variations (notamment l'ajout d'une guitare acoustique), se font bien peu intéressants.

Une légère déception, "Devotion" ravira malgré tout les amateurs jusqu'au boutistes de BONFIRE, tant les similarités entre les deux groupes sont nombreuses, en dépit de l'approche plus actuelle de SHYLOCK. Reste un album qui mêle le bon grain et l'ivraie, et l'un des moins convaincants dans la discographie des rockers germaniques.