"Du "Learning To Live", du "Octavarium", du "Pull Me Under", du "A Change Of Seasons" et du "The Glass Prison". Il y avait de quoi être sceptique. Et bien je dirais que pour une fois, le retour aux sources est réussi ! "Systematic Chaos" présentait déjà une synthèse de la nouvelle période du groupe, avec une touche moderne qui faisait l'identité propre de l'album. "Black Clouds & Silver Linings" est la réelle synthèse de toute la carrière du groupe. Contrairement à ce qui était annoncé, peu ou pas de "Awake" dans ce dernier album, mais beaucoup des autres albums. C'est parti pour le track-by-track.
"A Nightmare To Remember" constitue une introduction majestueuse et sombre. Les choeurs gothique font leur apparition dès la première minute, et seront d'ailleurs les seuls de l'album. Bien construite, cette chanson semble vouloir nous renvoyer à l'époque "Scenes From A Memory". Le chant de LaBrie, tantôt agressif tantôt lisse est excellent et donne une réelle puissance au refrain. Le break de la chanson, beaucoup plus calme, est une véritable injection d'émotion dans cette tornade de riffs. "A Nightmare To Remember" me parait cependant trop longue pour le nombre d'idées qu'elle développe, et j'ajouterais que Jordan Rudess plombe littéralement la section soli avec un son de clavier gluant vraiment gênant. Ce sera son seul faux pas. Une bonne ouverture tout de même.
"A Rite Of Passage" est un bien meilleur single que "Constant Motion", typiquement Dream Theaterien, avec un refrain accrocheur comme le groupe aime en faire. La partie instrumentale est le gros point fort de la chanson. "Wither" me parait injustement décriée, je trouve tout simplement qu'elle très la meilleure ballade du groupe depuis l'album de 2002 ! Un très belle chanson (et notamment le break) ; LaBrie semble très à l'aise dans ce registre.
Je vois dans "The Shattered Fortress" bien plus qu'un grand medley, notamment grâce aux interventions grandioses de Rudess et Petrucci, qui nous livrent d'excellents soli. Il est amusant de compter le nombre d'allusions aux anciens morceaux de AA, elles sont assez nombreuses, mais toujours bien retranscrites, avec ce qu'il faut de différence pour faire un effet différent. Un titre solide et bien construit. Très bon.
Le mielleux "The Best Of Time", l'intro passée, se présente comme une chanson Heavy Rock comme DREAM THEATER sait les faire ("About To Crash", "Six Degrees Of Inner Turbulence"). Un ralentissement a lieu à la moitié du titre, qui vire en ballade complète. Déjà assez émouvant et plaisant, "The Best Of Time" est achevé par l'un des plus beaux solo de la carrière de Petrucci.
"The Count Of Tuscany" est tout simplement l'un des meilleurs morceaux du groupe, il nous renvoie directement à "Images & Words", à "Falling Intro Infinity" et à "Octavarium". Chaque passage de l'introduction se révèle ingénieux et gavé d'émotion. L'ensemble, bien que complexe, est accrocheur au possible. La chanson, à partir de 11 minutes, s'arrête totalement pour un passage calme et planant. L'effet est réussi, même si la chanson peut paraître déstabilisée. Enfin, nous avons droit à une remontée en puissance magistrale et à un final grandiose. Magique.
Parlons des musiciens. Petrucci a enfin retrouvé toute sa forme, et il se montre plus inspiré que sur les 4 albums précédents (quand même !). Rudess, malgré un faux pas de taille ("A Nightmare To Remember"), est également inspiré. Globalement, les parties instrumentales semble sortir tout droit de "Six Degrees Of Inner Turbulence", voire "Scenes From A Memory". La production ne laisse pas beaucoup de place à Myung. LaBrie chante bien, et a définitivement adopté un registre grave (plus que jamais). Portnoy est le seul qui me déçoit légèrement ; bien qu'il soit toujours monstrueux, il parait être plus prévisible et moins subtil. On reste dans un niveau plus qu'honorable ("A Nightmare To Remember").
Le point qui suit sera plutôt négatif. Le retour aux sources est réussi, certes, mais DREAM THEATER semble être tombé dans la redite. En effet, voilà un album qui ne propose aucune nouveauté (ne me parlez pas des 20 secondes de choeurs gothiques). Le groupe abuse sur les recettes qui font son succès depuis "Train Of Thoughts". Je pense aux refrains, qui gagnent encore plus en accroche mais perdent légèrement en subtilité ("A Rite Of Passage", "Wither", "The Count Of Tuscany"). Les touches épiques/dramatiques parsèment encore et toujours la musique des New-Yorkais, et on a de nouveau cette fin épique, tradition depuis "In The Name Of God". "Black Clouds & Silver Linings" ne surprends pas, et devient même prévisible.
En contrepartie, fini les plagiats de Metallica, Muse, Pink Floyd ect... DT fait du 100 % DT.
Enfin, la production est puissante, mais parfois ou trop sèche, ou baveuse.
Un 4/5, malgré les défauts, en raison de la qualité globale des chansons.