Certains groupes comme ça font l'objet d'un véritable culte, justifié ou pas. Les Guns N' Roses font partie de ceux-là. Et leur premier album "Appetite For Destruction" est passé intégralement à la postérité dans l'histoire du hard, et même du rock au sens large.
Intégralement. Car oui il n'y a pas un défaut. Pas une compo qui faiblit plus qu'une autre. Les Guns jouent tout sur l'efficacité, il n'y a pas de point mort dans le hard du groupe, mélange d’Aerosmith, de Rose Tattoo ("Out Ta Get Me") et de bribes d’influences punk (écoutez "Anything Goes"). On commence avec l'hymne des Guns, "Welcome To The Jungle", et son riff accrocheur d’entrée. On passe au lourd "It's So Easy", qui surprend par un refrain plus aérien. "Nightrain" et son solo de fou, "Mr. Brownstone" et sa rythmique tribal, "Paradise City" et sa fin endiablée, le spontané "You're Crazy" au refrain terrible, "Rocket Queen" et son break qui nous achève après cinquante minutes de musique folle. Impossible de tout citer sans paraître excessif, mais ils sont tous passés au panthéon du rock. La grande force des Guns, c'est aussi l'émotion qu'ils font passer. A coté de textes salaces typique du hard rock, certaines compos se révèlent plus mélancoliques et douces, comme le refrain de "It's So Easy", ou les derniers instants de "Rocket Queen", qui finissent le disque, sur une touche de nostalgie, comme si l'on était triste à l'idée d'acheverl'écoute...
Intégralement. Le line-up y est pour beaucoup. Si il n'est peut-être pas le meilleur au sens technique, c'est assurément le plus célèbre et charismatique. Mauvais garçons, attitude je-m'en-foutiste, les photos de l'album sont un délice à regarder. Steven Adler le batteur et le punk Duff McKagan sont parfaitement audibles grâce à la prod très propre de chez Geffen. Izzy Stradlin discret, mais assurément présent rythmiquement (et solo sur "Think About You"), et Slash, aux solos mélodiques, vivifiants et entraînants, forment une paire de guitaristes imparable. Et quand vous y rajoutez un front man de la trempe d'Axl Rose, au chant éraillé, mais qui sait être touchant, vous obtenez un groupe mythique. Ecoutez donc "Sweet Child O' Mine". Un morceau qui démarre comme une ballade, un riff d'intro magique, puis Axl vient chanter de façon sublime. Un refrain mélodique, puis un solo de Slash magnifique à la wah, un break « We're Do We Go Now?? » et une fin en apothéose. Un tel morceau force l'admiration? Ecoutez donc le disque, il y en a 12 comme ça.
Même la pochette est magique. A l'origine, l'artwork représentait la peinture de Robert Williams. Jugé trop choquante, Geffen la remplace par la croix avec les têtes de mort du groupe que s'est fait tatouer Axl Rose (la peinture originale est restée tout de même dans le livret). Cette croix devient alors symbole du groupe, et tout hard rocker qui se respecte voue un culte à cette pochette, au même titre que la rose et les flingues en page 2 du livret. Chaque chanson a sa propre histoire. Que ce soit l'utilisation de "Welcome To The Jungle" par l'US Army pour intimider le dictateur du Panama Manuel Noriega, le fameux « Ça fera toujours une ballade à la con » balancée par Duff après l'élaboration en quelques minutes de "Sweet Child O' Mine", ou l'hommage sincère à une amie du groupe Michelle Young, dans la chanson "My Michelle".
Alors aujourd’hui que reste-t-il de cet album? 12 compos de hard rock racé, admirées par une nouvelle génération de fans, une croix et cinq têtes de mort d’un groupe mythique, célèbre musicalement et aussi pour ses excès caractéristiques, et un album majeur de l'histoire du rock à l'histoire atypique. 5/5, car il ne peut en être autrement. Achetez le c’est obligé, adulez le c’est irrémédiable…