Les GUNS N' ROSES... Ce groupe de malades givrés... Car il faut le dire : ces mecs sont de véritables barjots, recherchés, pour certains, dans certains États des USA pour divers larcins à l'époque (ce qui, par la suite, entraînera parfois des emmerdes pendant les tournées, des dates annulées, reportées, etc...). Ce ne sont pas des types à qui vous confieriez le sac à main de votre mère ou la virginité de votre sœur. On ne leur proposerait même pas l'inavouable de peur qu'ils acceptent sans hésiter. D'ailleurs ça commence avec la première version de la pochette de l'album, un tableau de Robert Williams baptisé du nom de l'album (à moins que l'album ne porte le nom du tableau), représentant une charmante jeune blondinette avachie dans un sale état contre une palissade, culotte baissée et un sein à l'air, encerclée par deux espèces de robots libidineux présents probablement pour s'occuper de la demoiselle. Les ligues de vertus ont donc gueulé contre cette scène de viol. Voilà pourquoi cette pochette fut censurée, mais elle figure désormais au centre du livret du CD. Le plus drôle, c'est que la pochette actuelle (la croix latine sur fond noir, avec des crânes représentant les 5 membres du groupe) se serait probablement aussi faite censurée si elle avait été proposée en premier. Encore une fois, on imagine la réaction des ligues de vertu, de l'Office Catholique, etc, qui ont du se dire "c'est pas vrai, à quoi ça sert d'avoir viré la première pochette pour avoir ça à la place..." Fallait oser, les GUNS l'ont fait !
Mais passons à la musique ! "Appetite For Destruction" est un monstre, une bombe de Hard Rock à tendance Hair Metal (faut voir la dégaine d'Axl à l'époque, ainsi que du bassiste Duff McKagan et du batteur Steven Adler). Les bad boys amateurs de coups tordus, de défonce, de tise et de nanas faciles sont produits par Mike Clink. Sa production a un peu vieilli mais reste démentielle, surtout compte tenu du fait que le bonhomme a du bien souffrir le martyr pour contrôler les lascars du groupe en studio. "Appetite", c'est donc un programme de démolition de 53 minutes en 12 titres. Quasiment aucun répit ici. L'album est heavy, trash, décadent, les paroles parlent de putes, de sexe, de came, de violences, bref c'est l'orgie auditive. Pour beaucoup, ce premier album est le sommet du groupe (avis que je partage à 100%).
"Welcome To The Jungle" c'est la claque dans la gueule. Rien de mieux pour ouvrir l'album que cette intro de folie, suivie de la chanson qui parle, comme le titre l'indique de la jungle urbaine, les rues de Los Angeles où les dealers courent les rues. Une réussite absolue. D'entrée de jeu, les pendules sont mises à l'heure, et "It's So Easy" confirme que l'album sera de cet acabit. "Paradise City", chanson la plus longue de l'album (6min45) est aussi l'une des plus réussies (souvent utilisée en fin de concert, cet argument ce suffit à lui même) avec une intro sublissime et un final endiablé tandis que "Sweet Child O'Mine" composée à la va-vite par Slash et McKagan et un Axl Rose qui déboule dans le studio en disant "attendez mais c'est génial" en sortant de sa poche un poème destiné à sa petite amie de l'époque pour les paroles, permettra au groupe de faire un énorme carton dans les charts. À l'arrivée, une chanson monumentale, douce et magnifique, étoffée par un solo magistral de la part de Slash.
Mais mon trio coup de coeur, c'est d'abord "Outta Get Me" et son riff mortel, sur un mec en cavale qui braille à tout le monde (et donc, aux auditeurs), qu'il ne se fera jamais choper, ils ne le rattraperont jamais, ne le débusqueront jamais, et puis, en plus, il est innocent. Une chanson interprétée par un Axl assez concerné. "Mr Brownstone" qui parle, à mots couverts, de drogues dures (le Mr Brownstone - pierre brune - de la chanson est la came). Axl se retrouve tout la nuit obligé de danser et de bouger avec un certain Mr Brownstone qui lui colle au derche. Évidemment, ça signifie qu'il est défoncé... "We've been dancing with Mr Brownstone, he's been knockin', he won't leave me alone, no no no..." Une chanson juste excellente, puissante, remarquable, pour moi une des meilleures de l'album, même si elle ne fait pas partie des plus mythiques et connues. Et surtout "Nightrain", avec ce riff tellement démentiel que j'en ai les poils qui se dressent rien que de l'évoquer. Ce final de malade mental, avec un solo d'outro par dessus l'excellent riff d'Izzy Stradlin, tiens je me retrouve comme un con à bouger tout seul sur ma chaise... !
Les autres titres sont moins grandioses mais quand même très sympas, même si j'ai tendance à trouver "My Michelle" et "You're Crazy" en dessous.
"Rocket Queen" achève tout de même très bien l'album avec ses 6min15 hautement sexuelles (et pas seulement pour ce cultissime bridge instrumental au cours duquel on entend une femme se faire tringler par Axl Rose dans le studio). La première partie est vive, violente, énergique, sensationnelle aussi, avec un Axl excité comme une puce, guitares grandioses, rythmique de feu. Puis, le bridge, les cris de jouissance. Retour du refrain, autre court bridge instrumental et changement radical de rythme. Là, le morceau devient calme, doux, apaisé, Axl chante superbement bien, d'une voix posée et douce. On pense un peu au repos du guerrier après la baise, "alors, ça t'a plu ?", ce genre de choses... Le morceau se finit en beauté, et se pose là comme étant un des sommets de l'album.
Alors, au final, les 53 minutes sont époustouflantes. Certes il y a bien deux/trois chansons que je trouve en-dessous mais quand même, "Appetite For Destruction" est bel et bien un sommet de Hard Rock, interprété à la perfection par un groupe de fous furieux en goguette. Une collection ahurissante de classiques, un chanteur totalement psychotique mais talentueux, des guitares en furie et une bonne production... Dans le genre, ce disque a totalement revitalisé le genre, à la manière d'un VAN HALEN I. Un très grand disque !
