"Terra Incognita" est un album méconnu de GOJIRA.

Premier album enfin, après plusieurs démos sous le nom de GODZILLA. Premier album et déjà une volonté d'écraser, de répandre cette soif de puissance. Aussi cet album est-il le plus compressé et de facto celui à la production la plus mauvaise de leur discographie.

Mais il est aussi le plus expérimental, car avant de devenir ce monstre GOJIRA est un enfant sous influences. Le Death Metal surtout, que ce soit dans la voix ou les riffs et MORBID ANGEL surtout, sur la rampante "Lizard Skin" ou la véloce "Fire Is Everything". Mais cet enfant a déjà ses gimmicks, notamment ces harmoniques qui rendent les morceaux très futuristes (démentiel "Space Time").

GOJIRA, s'il est aux prémisses de son art, est déjà aérien, salvateur, destructeur et original. Il ose un art qu'il ne refera plus vraiment, expérimental, presque barrré (le solo de basse étrange de "04" ou les cris asphyxiants et déments de "1990 Quatrillions de Tonnes").

"Terra Incognita" est fascinant parce qu'il est la césure de l'art de GOJIRA. Leur amour du Death Metal et de la puissance est là mais il commence à être baigné dans les ambiances spirituelles désormais essentielles à leur art. Il est aussi un réservoir de monstres ("Clone", "Love", "Space Time") et l'un des plus sombres et froids de leurs albums.

Ironique que cette terre vierge illustre à merveille celle que va explorer GOJIRA à l'avenir, avant d'y planter son drapeau, en conquérant magistral de notre époque.