"Varjoina Kuljemme Kuolleiden Maassa" a un patronyme long et à coucher dehors. Bien heureusement, on n’aura pas besoin de le retenir.

Aujourd’hui MOONSORROW pèse toute la lourdeur de son héritage. Il délivre deux titres où peu de trouvailles mélodiques ni structurelles le freine à s’élancer à nouveau, où un "Huuto" excellent vient jouer avec notre nostalgie de "Kivenkantaja", avec cette joie et cette magie souveraine pour finir sur un dernier titre solide à l’ambiance glaciale qu’il est difficile de bouder malgré un thème central encore une fois trop peu pertinent pour que le groupe se permette d'en tourner autour aussi longtemps.

Le problème de VKKM est aussi simplissime que ça semblerait, celui de l’inspiration. Rare sont pourtant les groupes qui auront réussi jusque là à retravailler et renouveler leurs formules de manière aussi pertinente et riche que MOONSORROW, partant d’un black symphonique virant vers le folk à une musique extrême entortillée dans une logique progressive totalement nouvelle. Mais rien n’a été plus graduel que la discographie du groupe, si bien qu’il est à mon avis erroné de considérer il y a un ancien MOONSORROW et un "nouveau". Il y a eu cinq MOONSORROW différents (six si on prend l’excellent Tulimyrsky en compte), qui ont à chacun de leur album atteint un niveau de perfection pour une partie d’un public qui, il semblait, n’était jamais considéré comme acquis, devait à chaque fois être reconquis comme une terre nouvelle.

C’est ce que les Finlandais ne réussissent pas sur VKKM, envisagé davantage comme un tableau trop familier, où l’on retrouve les silhouettes de nos chers nordiques comme des têtes bien connues, où on ne ressent plus les ambiances que comme des gimmicks passés, où le mid-tempo aux cassures régulières devient un frein aux idées véritablement nouvelles. Les claviers ont un petit accent passéistes, tout comme les riffs un peu déjà-entendu. MOONSORROW semble avoir fait un tour sur lui-même, il se regarde en haut de la colline et, à l'aise de sa hauteur, contemple son œuvre. S’il devait vraiment y avoir un MOONSORROW "présent" et un MOONSORROW "passé", alors il y aurait le MOONSORROW de VKKM et celui de tous les autres albums, car pour la première fois, les Finlandais font une erreur de parcours certes légère, mais qui casse le dénouement d’une saga jusque là parfaite.