Ceux qui prennent la discographie de RUNNING WILD à rebours ont de quoi être surpris : "Gates To Purgatory" ne parle pas de piraterie, il n’en a même pas l’imagerie et en plus, il ne prend pas de gants. Déjà qu’habituellement Rolf Kasparek ne fait pas dans la dentelle, là il donne l’impression que sa voix nous râpe façon toile émeri. Et musicalement, nous sommes assez loin du Heavy Metal classieux que les Teutons proposaient à la fin des années 80. Non, au début, RUNNING WILD puisait son inspiration dans des contrées plus bordéliques.

En effet, le spectre de VENOM plane sur cette offrande, c’est indéniable. On retrouve ces riffs secs, rapides, plus axés sur l’efficacité brute que sur la mélodie. C’est de la musique faite pour se défouler et de ce point de vue, c’est très réussi. "Soldiers Of Hell" est à 100% dans cette veine, nerveuse et agressive, avec un refrain proche de l’éructation… et c’est jouissif ! Dans un style plus soigné – ce qui reste toutefois assez relatif – RUNNING WILD brillerait presque sur "Prisoner Of Our Time", plus nuancé et prenant un caractère plus épique.

Et si VENOM abusait d’un satanisme d’opérette, RUNNING WILD, lui, va se montrer plus subtil, moins caricatural dans les propos et va même se payer le luxe de n’adopter que le look plutôt que l’attitude qui va avec. Au fond, pour eux, ce n’est que du décorum, une image à se donner jusqu’à trouver la bonne – et toute l’imagerie autour du groupe va évoluer très rapidement, en moins de trois ans la flibusterie prendra le pas sur tout l’aspect « on aime Satan, mais c’est une couverture pour cause d’autre chose ».

Car oui, RUNNING WILD n’est pas si bas du front que ça. Souvent naïf dans les paroles peut-être, mais c’est fait avec beaucoup d’engagement et ce n’est pas pour rien que ce groupe est devenu l’un des fleurons du Heavy allemand, même si aujourd’hui Kasparek semble vouloir ternir lui-même sa légende. "Gates To Purgatory" demeure un disque simple et par ce biais, il est terriblement efficace.


Note réelle : 3,5/5.