Toute en finesse, la musique impériale de YEARNING est un ravissement dont il nous faut se délecter dès que l’envie de qualité et de mélancolie - pas forcément de désespoir - se fait ressentir. Impressionnant ce que le groupe, en tout cas Juhani Palomäki, peut nous apporter en émotions. Ces Finlandais connaissent la profondeur de champ et les sentiments qui animent l’être humain lorsqu’il est seul face à ses démons.

Voix unique (grave & sérieuse), reconnaissable entre mille, elle nous emmène vers des contrées tellement lointaines ( à moins qu’il ne s’agisse que d’un prétexte à l’exploration de son moi profond …). Le synthé, lui, est là pour magnifier et non pour remplir. Mais le plus impressionnant est cette incroyable dextérité avec laquelle les envolées guitaristiques - soutenues par un jeu impressionnant du batteur - présentes sur "Merging Into Landscapes" (cinquième album) sont de factures excellentes et d'une précision quasi chirurgicale. Mieux abouti et plus uniformisé qu'"Evershade" (2003), "Plaintive Scenes" (1999) ou encore l’expérimental "Frore Meadow" (2000) et cependant, il ne détrônera jamais le cultisme "With Tragedies Adorned" (1997) dans le pouvoir d'extérioriser ses frustrations.

Moins larmoyant qu’un TRISTITIA et certainement moins joyeux qu’un S.O.D. fatigué (!), YEARNING fait également référence au Progressif et au Classique qui viennent s’immiscer de-ci de-là dans les compositions. Complexe par moment, agrémentée par un fifrelin de voix death, la musique de YEARNING varie souvent au moment où nous l’attendons le moins et c’est en cela que c’est génial. La pureté du son et sa qualité de précision sont tout simplement époustouflantes. Y'a cette rage de vaincre qui, malgré les tourments, donne l’impression qu’il est possible de s’en sortir. Oui, la musique soulève les passions et déchaîne la volonté que chacun peut puiser en lui. Cette façon de jouer est gérée par nos capteurs sensoriels (et donc auditifs) par l'entremise de laquelle se développent les sentiments de grandeur, d'angoisses extériorisées - et donc consolées à demi mot - mais aussi et surtout par le dépassement de soi. Nul doute qu’elle est une puissante thérapeutique.

Quant aux textes, ils ont beau être traduits en anglais, ils restent incompréhensibles… enfin pour un gars comme moi. J’ai un peu touché à la philo mais là, ça dépasse l’entendement.

Les amateurs exigeants de musique qualitative et surprenante ne peuvent se tromper sur cet album qui, bien qu’il ne révolutionne pas le paysage metal, le façonne tout de même à sa manière et mérite notre assentiment tant il dégage une sorte de vérité complémentaire à notre vie de tous les jours. Des artistes de cette trempe ne courent pas (plus ?) les rues alors, s'il vous est possible de vous pencher sur le cas YEARNING, je vous invite à le (re-)découvrir dans un premier temps, seul, pour le partager dans un second temps. Beaucoup d’entre nous s’y retrouveront, à n’en pas douter… Je vous souhaite un merveilleux voyage nocturne, détendez-vous!