Bon, trêve de plaisanteries. "Blood, Monsters, Darkness", c'était rigolo au départ. Après une bonne soirée un poil alcoolisée à regarder des nanars d'horreur, ça faisait son petit effet et on pouvait légitimement se vautrer dans la tolérance excessive à propos du premier album de GLOOMY GRIM. Aaargh et moi partagions une certaine tendresse vis-à-vis du projet d'Agathon. D'autant que son passé de musicien au sein de l'excellent THY SERPENT encourageait à un tantinet de gentillesse.

Sauf que plus de vingt ans après la sortie de l'ouvrage, constater que GLOOMY GRIM s'apprête à sortir son septième album studio a de quoi estomaquer. Parce qu'avec le recul, "Blood, Monsters, Darkness" ne semblait pas pouvoir ouvrir la voie à une carrière au long cours. En effet, même dans ce style étriqué qu'est le Horror Metal, avec force claviers et atmosphères synthétiques, NOTRE DAME faisait déjà mieux, à la même époque.

Il est d'ailleurs assez invraisemblable que ce soit ce premier GLOOMY GRIM qui récolte quatre étoiles sur NIME alors que les deux premiers albums de Snowy Shaw et consorts ne devaient écoper que de la (juste) note de 3/5. Parce que les ambiances qu'on y trouvait et l'aspect grand-guignolesque de certains morceaux y était plus prenant que sur "Blood, Monsters, Darkness". Ce dernier, en effet, souffre d'un certain nombre de tares qui empêchent même le côté second degré de fonctionner comme il le devrait.

D'abord, ces guitares qui manquent singulièrement de punch. Du moins, quand elles sont présentes. Et cette boîte à rythmes qui fait office de batterie sonne tellement artificielle qu'elle empêche les atmosphères de décoller en les écrasant au sol. Du moins, lorsque lesdites atmosphères ont de l'intérêt. Avec sa mélodie intrigante, ses cordes frottées factices et ses voix féminines, "War", meilleur morceau de l'album, aurait pu être encore plus marquant. Même les coassements de crapaud enroué d'Agathon fonctionnent, dessus, et avec un vrai batteur, ce titre d'ouverture plutôt réussi aurait bénéficié d'un véritable dynamisme. Dommage.

D'autant plus dommage, en effet, parce que ce qui suit est bien moins intéressant. L'affiliation Black Metal du Horror Metal est d'ailleurs à questionner car, hormis le pédigrée des musiciens, le côté sinistre (de pacotille) et les vocaux d'Agathon dans une moindre mesure, pas grand chose ne rattache GLOOMY GRIM au Black... Il y a toutefois quelques bonnes idées sur cet album, en plus de "War". Citons le lead de guitare sur "Asylum", la mélodie de "Children Of The Underworld", les notes de piano de "Ashes"... Des éléments qui tendent parfois à occulter la grande faiblesse du reste de l'album.

Car tout ici est volontairement noyé dans des instrumentations hyper simplistes et des sonorités cheap qu'on qualifierait volontiers de cheesy avec la bonne humeur qui accompagne un taux d'alcoolémie d'1,5 gramme dans le sang mais qu'on désignerait plutôt comme ridicules une fois à jeûn. Et l'ensemble des bonnes idées pourrait tenir sur moitié moins de temps que n'en dure l'album, le reste n'étant qu'une somme de sons inintéressants (le piètre "Crucifixion"), grotesques (les vocaux féminins sur "Blood"), sans épaisseur (tout "Pope Of The Black Arts") ou ennuyeux (l'intégralité de "Ocean Of Candles" et "The Summoning"). Quant à la reprise d'Ozzy, "Over The Mountain", elle n'apporte absolument rien à l'album, ni à qui l'écoute.

Il y avait de quoi faire un E.P. correct avec certains des ingrédients de "Blood, Monsters, Darkness". À la place, on se retrouve avec un album médiocre dont le côté horrifique est, au bas mot, dix fois moins efficace que sur un disque de Darksynth lambda. Et cent fois moins que sur des disques de Black Metal traditionnel ou symphonique, dont les atmosphères sont réellement travaillées et happent tout entier l'auditeur. "Blood, Monsters, Darkness", album le plus faible de la carrière de GLOOMY GRIM ? Peut-être bien, finalement. Sauf pour une soirée horreur bas de gamme + murge.