Dire qu'il y en a qui pensent que la scène metal française est daubée/inexistante. Tssst. Faut sortir des GOJIRA et DAGOBA les mecs. Entre les bizarreries Holy Records, la Klonosphere et les formations black ou grind underground fourmillantes, y'a de quoi faire.
Tout ça pour en venir au fait que SUP, ben c'est français, et aussi qu'accessoirement, ça tue.
Je chronique actuellement le meilleur album d'un des meilleurs combos metal existant à mes yeux. Autant vous dire que c'est vraiment pas de la merde...

SUP est souvent qualifié de froid. Souvent à tort. Mais ici, c'est pas le cas. Vous avez vu la pochette, l'histoire mélangeant Jacob's Lader à Benjamin Button en arctique, les photos figées et gelées du livret. Vous vous doutez que c'est pas ce qu'il y a de plus chaleureux, mais étrangement ça empêche pas l'album d'être accueillant.
Ici, tout est inscrit dans la trame scénaristique, on a droit au son de guitare propre au groupe (sous-accordé comme pas possible), à une exécution mécanique glaçante, et surtout à un album qui nous fait voyager.
Contrairement au prédécesseur, la prod' est ici d'une puissance hors normes, mettant particulièrement en valeur les riffs particuliers du groupe et permettant une bonne distinction des nombreux éléments venant s'y greffer.
Tout d'abord inscrit dans une ambiance paranoïaque ("No Rejuvenation" putain), l'album évolue en contrastant de plus en plus, dans des ambiances variées mais suivant un fil conducteur. En gros, les premiers morceaux sont les plus death, voire doom/death pour l'éponyme, mais des évolutions de plus en plus étranges apparaissent au fur et à mesure du déroulement de l'œuvre. Et là, c'est la perfection ultime. Absolument toutes les compositions débordent de génie, l'album est un sans-faute.
"Room Eleven" fait référence à l'album précédent, autant dans son titre que dans la musique avec une ambiance psychédélique réconfortante mais schyzophrène, "Like A Wicker Man That Will Never Burn" est une perle dans son genre, mais pour moi la palme revient à "Overhelming Lethargy", à mon sens meilleure composition du groupe. Commençant par un larsens à en geler Abbath, prenant un ton impérieux et martial magnifique, alternant passages scandés et entremêlements vocaux, une perle je vous dis.
Mais sur cet album, SUP est bien plus proche du "Cube" que "La Septième Chambre" ; le côté résolument death étant ultra présent, par l'apport vocal de Ludo d'une puissance phénoménale. L'oppener en témoignera, absolument terrassant de rage contenue avec un riffing alambiqué, ou encore l'emblématique "Twins", morceau le plus brutal sorti sous le nom SUP, au démarrage saccadé avec quelques pseudo-riffs sonnant comme... MESHUGGAH !
Ah tiens, on parle un peu des vocaux. Encore une véritable claque. Autant techniquement, le duo est limité, autant le travail sur les mélodies vocales est absolument titanesque et ancrera l'album dans votre cervelle en une paire d'écoutes. Le refrain à pleurer de "Machinations" fera taire les sceptiques, au même titre que "Overhelming Lethargy" (quelle merveille, mais mon dieu quelle merveille !).

Si vous connaissez pas SUP, allez vous pendr... Euh, enfin, voilà. Vous savez par quel album vous pouvez démarrer, à savoir pas celui-là, car faut garder le meilleur pour la fin.
Glacial, surpuissant, envoûtant, mélangeant habilement le Death/Doom le plus pur aux mouvements Cold/New Wave pour forger la quintessence du style du groupe.
Une référence, une tuerie ultime encore bien trop méconnue, et accessoirement un des meilleurs albums sortis dans les années 90 à mon humble point de vue. C'est tout.

5/5