C'était prévisible : MOONSORROW commencerait à se calmer après le parfait "Verisäkeet". Après avoir exploré les méandres épiques d'une époque depuis longtemps révolue, en même temps qu'avoir manifesté un grand respect de la nature, les Finlandais ne pouvaient que baisser de régime. Une recette gagnante est éphémère, ou du moins, dure un certain temps.

Le groupe a dû le sentir, car il a radicalement changé son approche pour cet album. Deux pièces, de 28 minutes en moyenne, constellent cet opus pagan/folk d'une maîtrise encore une fois irréprochable techniquement. Mais le ton est moins fort que par le passé, MOONSORROW se lance dans d'ultra longues et planantes odes naturalistes en laissant de côté, complètement cette fois, son visage guerrier. Plusieurs crieront au scandale, d'autres applaudiront.

Le résultat est assez impressionnant, que vous fassiez partie d'une écurie ou l'autre : deux briques aussi solides que cette montagne du destin sur la pochette, deux volcans en ébullition dont les éruptions se déroulent au compte-goutte, à coups de passages épiques, atmosphériques et typiquement black. La violence est dorénavant savamment dosée et métamorphosée en énergie contagieuse, qui nous entraîne dans les couloirs compliqués de ces deux pièces qui n'en finissent plus de finir !

C'est cela qui risque de rebuter les impatients ; le format de présentation de MOONSORROW est vachement intimidant et peu accrocheur. Va vous falloir une sacrée persévérance pour venir à bout de ce duo aux multiples rebondissements. Mais si vous êtes habitués à ce mélange de guitare sèche, d'accordéon, de guitares archi mélodieuses et de synthé planant, rien ne vous empêche de plonger dans le cœur de ce volcan, énième symbole de la nature que MOONSORROW se plaît à dépeindre de sa musique onirique.

"V" est le dernier rempart face à la « stagnation » entamée avec "Verisäkeet". Après, MOONSORROW risque de ne plus être en mesure de se réinventer et de passionner autant.