J’ai certainement été un peu dur en qualifiant ce "Balls To Picasso" de déception. Concrètement, il paye certainement son statut de disque mal-aimé et parfois, ne laisser travailler que sa mémoire peut vous jouer des tours. Pourtant en général, j’arrive à bien me rappeler ce que j’écoute, même des années après (on a les talents que l’on peut avoir ; certains arrivent à toucher le bout de leur nez avec leur langue, moi j’ai ça).

Je me souviens d’une presse assez déconfite en découvrant cet album, avec sa pochette bof bof (pourtant démontrant le sens de l’humour de Bruce avec ces couilles carrées façon Picasso) dont la principale tare est de ne pas représenter l’intérieur du disque. Pour le coup, le Heavy Metal proposé par Dickinson, aidé par le jeune Roy Z, est lourd, puissant, moderne et suffisamment propice pour que le chanteur puisse poser sa voix et faire de grandes choses. Mais ce n’est pas du MAIDEN-like, ça manque de cavalcades, il n’y a pas le côté ronflant laissé par la basse de Steve Harris. Et surtout, Bruce a quitté MAIDEN, ce qui aux yeux des fans était la pire chose qui pouvait arriver (et qui allait rendre l’intégration de Bayley très difficile).

Autant la presse, connaissant l’intérêt qu’Halford portait à de jeunes groupes, soutenait assez ouvertement FIGHT, autant Bruce en solo a été plus ou moins mis au pilori. Mais réécoutez ce disque aujourd’hui et vous vous rendrez compte que bien souvent, il sonne encore très bien (bon sang, ce "Cyclops" inaugural !) quand on arrive à faire abstraction de sa prod' très, trop sèche (les versions remasterisées de 2016 sonnent bien mieux).

Bruce va également prendre quelques risques, notamment en rappant sur quelques passages ("Shoot All The Clowns" par exemple), ou en partant en free style pour coller à la thématique de certains titres ("Sacred Cowboys"). Mais tout l’album sert à mettre en valeur son final, le sublime "Tears Of The Dragon", superbe power ballade pleine d’émotion, émotion que l’on retrouve déjà sur "Change Of Heart" un peu plus tôt.

Le principal défaut de ce disque ? Ne pas être du Heavy traditionnel à la IRON MAIDEN et de sonner peut-être trop moderne pour les puristes qui n’y trouvaient pas leur compte. Mais il convient de saluer l’audace dont à fait preuve le chanteur pour ne pas rester dans la niche où chacun l’installait, tournant même le dos à ce qui fut fait sur "Tattooed Millionaire". Un disque qui mérite que l’on se penche dessus, même s’il n’est pas toujours totalement abouti, ni grandiose.

Note réelle : 3,5/5, je reviens doucement sur l’état de « déception ».