Les bons groupes de Black Mélo sont rares. Ceux qui arrivent avec puissance à faire presque oublier qu'ils sont vêtus de cuir et/ou de clous. À faire oublier qu'ils représentent le Diable et l'enfer sur terre, mais avec un incroyable talent pour la mélodie, évidemment, les envolées poignantes comme un appel paradisiaque. Ça et une maîtrise de la vélocité et du labourage, c'est à dire le bourrin bien gras et sec du Black de source. NAGLFAR est un des meilleurs représentants de cette petite famille.

Dernier méfait du groupe, "Harvest" est un condensé de ses outils principaux : des grattes imparables, un chant terrible (j'aime autant Olivius que Ryden) et des passages mélodiques impossible à oublier.

Si "Sheol" demeure pour moi leur sommet, "Harvest" recelle de sacrés moments d'anthologie où le climat est lourdement inquiétant. L'austère "Into The Black", l'entraînante "Mirrors Of My Soul" et son refrain (belle carte de visite selon moi pour quiconque ne connaît pas les Suédois), la bourrine "Odium Generis Humani" et sa fin magistrale, la pompeuse et tubesque "The Darkest Road", l'archi mélodique "The Way Of The Rope" et son clavier funeste (ma préférée), ainsi que les deux brûlots "Plutonium Reverie" et "Feeding Moloch". Tout ça se termine par la plus tranquille pièce-titre, point final idéal pour décanter d'une assez gigantesque commande, près de l'apocalypse sonore. Eh non, y'a pas que le cadro qui peut annoncer la fin du monde dans un tintamarre parfois indigeste.

Nous pourrions toutefois sabrer dans "Breathe Through Me" qu'on n'en serait pas plus triste...

"Harvest", tout comme les autres albums de NAGLFAR, est assez méconnu à voir le nombre de lectures sur NiME. Dommage, mais il n'est jamais trop tard pour se reprendre...

4,5/5.