Relâchant cinq bestioles malfaisantes pour jouer les éclaireurs du chaos, NAGLFAR nous revenait en 2002 après quatre années d’absence, et entendait bien restaurer la superbe de son blason Black suédois, après les sorties du très bon « Vittra » et du monstrueux « Diabolical ». Et quoi de plus avisé, pour se rappeler au bon souvenir de tous, que de publier un petit manifeste en forme d’annonce d’une invasion imminente ?

"Ex Inferis", c’est trois titres déjà connus des fans, une reprise, et une "nouvelle" composition mortelle, appelée à étriller les entrailles du « Sheol » à paraître en 2003. Et le groupe ne fait pas semblant ici, confirmant en un peu plus de vingt sept minutes les dispositions agressives largement entrevues avec « Diabolical », et délaissant le côté atmosphérique qui marquait « Vittra ». On en jugera avec d’autant plus de commodité que le groupe nous sert ici une nouvelle version d’"Emerging From Her Weepings", morceau de « Vittra » assez copieusement fouetté par le son furieux et davantage aiguisé désormais adopté par les suédois. Et si certains doutaient encore de l’ancrage brutal de NAGLFAR, la reprise virulente du puissant "Dawn Of Eternity" de MASSACRE (tout un programme) fera office de témoignage d’un héritage extrême puriste et rigoureux.

Pour suivre, le groupe conclue son Ep en nous offrant deux morceaux déjà présents sur « Diabolical », à savoir "When Autumn Storm Comes" et l’énorme mid-tempo "The Brimson Gate" au riff épique évoquant quelque peu AMON AMARTH. A noter qu’il ne s’agit pas de titres repêchés tels quels sur l’album, mais de versions embrassées d’une production moins massive, plus effilée, bien que conservant aux morceaux toute leur intensité. En outre, "When Autumn Storms Come" gagne ici près de deux minutes d’un final atmosphérique aussi bizarre qu’inquiétant, et qui accroît le relief d’un titre où l’amateur relèvera des intonations IMMORTAL polaires sur certains riffs, au milieu d’une avalanche de guitares typiquement suédoises. "Of Gorgons Spawned Through Witchcraft", lui, avait de quoi exciter toute une ribambelle de fans ne croyant plus au retour de NAGLFAR : Introduite par quelques notes de piano, s’emballant sur des tempos ultra-rapides gavés de riffs meurtriers, agréablement soulignés de claviers ténébreux, cette composition forte et truffée de breaks en suspension dénotait déjà un côté plus spectaculaire qui ferait son apparition sur « Sheol ». Mais la production moins claire et plus crue qui prévaut ici, jette une coloration assassine plus marquée sur ce titre phare de « Sheol », qui l'embellira autrement.

De fait, et bien que seul le fan invétéré du groupe saura déguster sans compter ces menues subtilités entre différentes versions, cet enregistrement avant tout destiné à annoncer la reviviscence du groupe n’en reste pas moins dévastateur. Aussi, gageons qu’à défaut de proposer de véritables inédits (exceptée la reprise), cet Ep à la pochette magnifique fera le bonheur de ceux qui entendent découvrir le NAGLFAR sauvage post « Vittra » à moindre coût. Les autres privilégieront directement les excellents albums de ce groupe qui n'a jusqu'ici produit que des merveilles.

Note pour les fans : 3/5

Note pour ceux qui découvrent : 4/5