Ce « clouds » suinte l’angoisse, la tristesse, le désespoir, mais aussi la révolte d’une âme tourmentée contre l’impuissance à maîtriser son destin. Le doom-death de Tiamat, grâce à une batterie omniprésente et puissante, des claviers discrets mais efficaces, des guitares tantôt lourdes et massives, tantôt légères et aériennes, des vocaux tour à tour murmurés, rageurs ou grandiloquents, restituent les troubles d’une âme torturée qui ne comprend plus le monde dans lequel elle vit, qui se sent prise au piège, et qui cherche ce qui pourrait encore la raccrocher à la vie. Même son enveloppe charnelle est une prison, dont il lui faut s’échapper. Tiamat, tout au long de l’album, nous invite à contempler cet esprit perdu et ce corps dont l’énergie vitale s’échappe inexorablement, en une longue agonie.
Cet être condamné, à la recherche de la délivrance d’un monde meilleur s’interroge, et se repasse le film d’une existence faite d’amours vains et d’espoirs déçus. Seul un fil ténu le retient encore ici bas. Parfois, la tristesse peut-être belle, émouvante, elle peut faire oublier la détresse. Mais cela ne dure qu’un temps. Fatalement, revient le désir de disparaître, une fois pour toute, avec pour seuls témoins, les éléments. Il ne reste qu’un pas à franchir…
Son existence va-t-elle basculer définitivement ? Pour le savoir, écoutez cette oeuvre, sans doute la meilleure de toute la discographie des Suédois.

4,5/5