Hormis la pochette particulièrement laide, cet album n’est entaché que d’un seul défaut : il est trop long. La faute à des titres qui dépassent pour moitié les sept minutes. Du coup, se farcir "Visions Of Eden" d’une traite s’avère délicat, parfois même épuisant. Car David Defeis, même si les apparences sont trompeuses, opte pour des compositions complexes, avec break et ponts "en veux-tu en voila".
Des apparences trompeuses, disais-je car "Visions Of Eden" se distingue radicalement de la scène progressive. Ici, point de technique démesurée, peu d’effets, un son épuré, des orchestrations guère gourmandes ; la complexité repose en fait sur la manière dont l’Américain fait se succéder les plans, la manière qu’il a de produire des structures en décalage avec ce qu’elles sont d’ordinaires au sein de la scène Heavy ; des couplets et des refrains, d’accord, mais avec tout un tas d’éléments mélodiques entre eux.
"Visions Of Eden" propose un Heavy épique (comment pourrait-il en être autrement de la part de l’inventeur du genre ?) avec une forte propension pour les mélodies mélancoliques ("The Hidden God") mais n’oubliant pas trop longtemps de cracher quelques riffs écorchés ("Bonedust").
Il faut donner de sa personne pour pénétrer cet album quitte à scinder les écoutes en deux tant la matière abonde. A la clé, le plaisir est immense. VIRGIN STEELE demeure une valeur sûre. David Defeis sait merveilleusement bien mettre en musiques ses concepts épiques. Conteur hors paire, compositeur accompli tant il réussit à capter et chambouler, à surprendre et rassurer, l’Américain confirme qu’il fait belle et bien partie des grandes figures du Heavy Metal. S’il pouvait toutefois réduire d’un quart ses albums suivants, je lui en saurais gré. L’espoir est mince : la longueur excessive figure comme l’une des caractéristiques du bonhomme, depuis un long moment.