Au cours des années 70 et 80 grandissent deux frères Shannon et Jared, qui baigneront dans le milieu hippie de leur mère, s’ouvrant aux arts. Si le premier deviendra un batteur émérite dans l’ombre, le second optera pour une carrière de comédien méthodiste à succès ("Fight Club", "Requiem For A Dream", "Lord Of War" entre autres).
Mais Jared Leto n’a pas oublié son affection pour LED ZEPPELIN ou encore PINK FLOYD. Quand il fonde 30 SECONDS TO MARS avec son frère en 1998, il a surtout l’envie de se faire plaisir, et pour cela ira jusqu’à enrôler le fantasque et génial Bob Ezrin pour mettre en forme ses concepts délirants.

Le résultat ? Un premier opus prometteur, doté d’une forte personnalité. Alternatif, Neo, planant, mélodique et torturé, l’éponyme montre à quel point le groupe porte bien son nom. On décolle pour Mars à l’écoute de l’écrasant "Oblivion", quand c’est le spatial "Buddha For Mary" qui nous accueille au son de voix extra-terrestres. Les riffs de Jared sont plombés, massifs, diablement efficaces, gourmands en fuzz, et son interprétation vocale est habitée et de grande qualité. En plus d’être beau et talentueux comme acteur, il est un chanteur et songwriter brillant. C'est qu'il fallait écrire un titre comme "Edge Of The Earth".

Oscillant entre un côté planant quelque part entre PINK FLOYD et DEFTONES, un riffing parfois presque Indus, mélodique, mais empreint de lourdeur Neo (façon TOOL), ce premier opus est un concept. La cohérence des compositions, de l’univers du groupe et de la mise en son se révèlent juste épatants. Quand sort cet opus en 2000, il n’y a rien qui ressemble de près ou de loin à 30 SECONDS TO MARS. Le groupe lui-même ne retrouvera jamais cette mixture, évoluant vers un propos plus mélodique, que "Capricorn" ou "The Mission" ébauchent déjà.

Jared Leto reste dans un registre clair et ne se frotte que très rarement aux hurlements screamés qui feront sa réputation sur "A Beautiful Lie". Il faut avouer que cela fait mal d’avoir vu le groupe sortir "Love Lust Faith + Dreams" qui en plus d’être mauvais, n’a plus rien de la cohérence et de l’état de grâce qui habitait jadis cet ovni éponyme qui n’a pas connu le succès qu’il méritait. Car les frères Leto ont démontré en onze titres que l’expression artistique regorgeait encore de terres à défricher.