Quand on écoute "Tattoed Millionaire" du père Bruce, on comprend mieux cette volonté de sortir un album solo. Si certains morceaux, avec des arrangements un peu différents, auraient pu finir sur "No Prayer For The Dying" (et qui sait, tirer ce disque vers le haut) – je pense notamment à "Sun Of A Gun" et "Hell On Wheels" – d’autres montrent une réelle envie de se faire plaisir en proposant des choses radicalement différentes. Dickinson avait des envies d’émancipation depuis longtemps (depuis que Harris a refusé des titres écrits par son chanteur sur "Somewhere In Time" ?) et l’ensemble donne réellement l’impression d’avoir écrit à différentes époques.

Aussi "Tattooed Millionaire" navigue dans différents styles, entre Hard Rock classique, titres à tendances plus Heavy et d’autres qui sonnent typiquement ’80 (le title track par exemple, qui dénoterai presque au milieu du reste). Bruce nous gratifie également d’une reprise d’un morceau écrit par Bowie mais originellement interprété par MOTT THE HOOPLE, "All The Young Dudes", avec ce phrasé typique du Thin White Duke du début des années 70, cover qui se veut assez respectueuse de l’originale mais qui n’apporte rien à l’ensemble.

Si la première partie de l’album se déroule plutôt bien, tout semble se gâter après la jolie ballade "Gypsy Road", la seconde moitié de l’album présente divers délires plus ou moins Rock’N’Roll de l’Air Raid Siren ("Dive ! Dive ! Dive !" ou "Lickin’ The Gun") et du rafistolage de dernière minute en prenant pour base de travail sa version de "Bring Your Daughter… To The Slaughter" ("No Lies", bien agaçante avec ses couplets foireux). D’ailleurs, si Harris n’avait pas insisté pour que "Bring Your Daughter" termine sur "No Prayer For The Dying" (1), cette dernière aurait pu remplacer "No Lies" de façon très avantageuse.

"Tattooed Millionaire" est une espèce de melting pot d’idées, absolument pas homogène, qui oscille entre l’inspiré et le fadasse. Balls To Picasso, un peu décevant pour un disque marquant le nouveau départ de Bruce après avoir tourné la page IRON MAIDEN, sera mieux construit et plus cohérent que celui-ci, qui ressemble énormément à une compilation d’idées mises de côté à mesure que le temps passait.

Morceaux préférés : "Son Of A Gun", "Born In 58", "Hell On Wheels" et "Gypsy Road".


(1) Version que je préfère à celle de la Vierge de Fer.