Qui aurait cru qu'en 2023 Edu Falaschi atomiserait la planète Power Metal ? Ceux qui avaient déjà prêté attention au plus que prometteur "Vera Cruz". "Eldorado" en est la continuité logique, une trilogie étant prévue il ne fallait pas s'attendre à un bouleversement stylistique. Mais "Eldorado" parvient même à faire un peu mieux que son prédécesseur, en proposant des compositions très solides où l'ennui ne pointe jamais son nez durant cette heure de musique intense et virtuose.

Clairement, Edu Falaschi fait du ANGRA à l'ancienne mais on ne peut absolument pas lui en vouloir tant la réussite est là. Si sa référence de base reste "Temple Of Shadows", l'ami Edu n'en a pas moins oublié les œuvres précédentes des Brésiliens. Les premiers couplets de l'hymnique "Tenochtitlán" rappelleront immanquablement le classique "ZITO" par exemple. L'ensemble me parait également plus digeste que "Temple Of Shadows" (un peu trop bodybuildé cet album, avec le temps je lui préfère "Rebirth"). L'épique title track dépassant les dix minutes, habilement placé en plein milieu de l'album, est un exemple de morceau à tiroir bien composé, chœurs, guitares classiques et influences brésiliennes sont au rendez-vous.

Si Roberto Barros n'a clairement pas un jeu aussi subtil et nuancé que Kiko Loureiro, il parvient à être plus impressionnant que ce dernier dans sa virtuosité (il est plus rapide et son jeu de tapping est redoutable), cela servant pleinement la musique (halte au débat faisandé sur la technique et le feeling). Ce n'est pas une nouveauté que le Brésil recèle de shreddeurs extraordinaires et pourtant j'arrive encore à être surpris.

Edu n'est certainement pas le chanteur le plus incroyable qui soit, il n'est d'ailleurs pas rare que sur cet album il adopte parfois une voix de canard sur plusieurs couplets, mais il y met tellement d'envie qu'il suscite beaucoup d'attachement, et le plus important reste son talent de compositeur rendant magnifiquement hommage au style initié par le mythique André Matos. On aura plaisir également à retrouver José, ex-MAGO DE OZ, qui introduit l'album en espagnol, sa voix a bien changé depuis son départ du groupe madrilène mais il trouve tellement bien sa place ici qu'on aurait bien voulu l'entendre un peu plus.

Enfin, si comme moi l'histoire de la conquête sud-américaine par les conquistadores vous fascine alors cet album saura encore plus vous passionner. On pardonnera le groupe d'avoir orné la pochette d'une pyramide maya du Yucatán alors que l'action se passe entre Vera Cruz et Tenochtitlán (qui se situait sur l'actuel emplacement de la ville de Mexico), donc en territoire aztèque...

Un très gros 4/5 plus que mérité (désolé, je réserve le 5 aux anciens ANGRA).