La carrière de TRIVIUM n’est pas un long fleuve tranquille, c’est peu de le dire. Après des débuts en fanfare, avec notamment "Ascendancy" et "Shogun", la formation floridienne menée de main de maître par Matt Heafy s’est un peu perdue en chemin, il faut bien le reconnaître. Sans ligne directrice, multipliant les changements de style au même rythme que les frappeurs se succédaient derrière les fûts, elle a accouché pendant dix ans d’albums de qualité hétérogène, jamais nuls mais rarement pleinement aboutis non plus. Leur dernier opus, "Silence In The Snow" qui officiait dans un registre Heavy plutôt classique (mais pas dénué de tout intérêt à mon sens), avait même fait fuir les fans de la première heure, qui juraient même qu’on ne les y reprendrait plus. Pas étonnant du coup que "The Sin And The Sentence" ("TSATS") soit passé relativement inaperçu à sa sortie, TRIVIUM ne motivant plus grand-monde alors. Il est pourtant l’album de la renaissance.

Comme si tous ces essais, du Thrash au Melodeath en passant par le Metalcore n’avaient été que des brouillons, des étapes nécessaires pour aboutir à confectionner une formule originale à bien des égards, reprenant tous ces ingrédients. C’est simple, depuis "TSATS", TRIVIUM devient reconnaissable à la première écoute. Derrière leur leader, Corey Beaulieu et Paolo Gregoletto assurent une présence vocale franchement réussie, le premier dans le registre extrême, le second dans les harmonies claires. Le niveau guitaristique retrouve également un standard plus en ligne avec le talent des zikos (avec notamment de belles twins comme à la belle époque de Göteborg). Et si vous ajoutez à cela le retour des growls de Matt, portés aux abonnés absents sur le disque précédent, vous commencez à être bien.

"TSATS" est d’une grande variété. Tour à tour violent et méchant ("Betrayer", "The Wretchedness Inside"), ultra-mélodique et aguicheur ("The Heart From Your Hate", "Endless Night"), il constitue à lui seul un voyage à travers les années 2000 du Metal, sans répétition ni temps faible, porté par des musiciens retrouvés. La coïncidence avec l’arrivée d’Alex Bent à la batterie est trop évidente pour ne pas être mentionnée. Comme en sport, la performance collective d’un groupe de musique est aussi le fruit d’une alchimie particulière entre les personnalités qui le constituent, au-delà de leurs qualités individuelles. Pour que les egos d’Ulrich et Hetfield cohabitent, il faut un Kirk, si vous voulez un autre exemple. Bent était sans doute la pièce manquante du puzzle, c’est en tout cas ainsi que je considère la chose au vu de la trilogie de grande qualité qui débute avec "TSATS".

Certains ont donc quitté le navire trop tôt, et je ne peux les blâmer pour ça, mais il n’est jamais trop tard pour remonter à bord. Tout juste pourra-t-on regretter sur les bords une longueur un poil excessive (près d’une heure tout de même), la fin de la galette se trainant un peu du fait de compositions moins accrocheuses, mais pas inintéressantes au demeurant.

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