Notre ami Bast, animé d’une grande mansuétude, était autant agacé que séduit par les Danois d’EVIL MASQUERADE, grâce à leur faculté à délivrer des disques toujours inférieurs à leur premier opus (qui à ce jour une référence indépassable par ses géniteurs) mais qui conservaient de temps à autres quelques morceaux pour nous rappeler le bien qu’on pensait de ces joyeux drilles.

Toutefois, j’ai toujours trouvé le choix d’Apollo Papathanasio discutable pour se fondre dans l’univers déjanté du groupe. Autant SPIRITUAL BEGGARS et FIREWIND lui correspondent très bien, lui permettant de faire étalage de sa voix rocailleuse et puissante, mais pour EVIL MASQUERADE c’est plus mitigé. Me concernant il y a une fracture très nette entre "Theatrical Madness" et les trois opus suivants du combo, jusqu’à ce "Pentagram".

Je suis au regret d’affirmer que nous avons affaire à l’opus le moins enthousiasmant de la discographie d’EVIL MASQUERADE. Le groupe a régressé de façon assez spectaculaire je dois dire. La musique est réduite à un Hard/Heavy basique, ne s’écartant que trop rarement des sentiers battus, distillant de parcimonieux traits néoclassiques et pour tout dire assez linéaires.

Alors il est évident qu’Apollo dispose ici d’un terrain de jeu privilégié. Le premier titre "Pentagram" semble même tiré des sessions du "Below Zero" des BEGGARS, tant la touche oldies y est présente, rehaussé, comme pour "Soul Taker" d’un orgue hammond à l’ancienne sur lequel le vocaliste développe un phrasé à la Jorn Lande (un composé de Ronnie J. Dio et de David Coverdale). Mais du coup, EVIL MASQUERADE pratique-t-il toujours du Heavy néoclassique ?

Pas une trace, la finesse et la fantaisie ont été remplacés par la lourdeur pataude d’un Heavy de seconde zone et un quasi strict respect des poncifs du genre. Et il faudra bien plus que les parties vocales à la SAVATAGE de "On A Bed Of Thorns" (au passage le titre le plus plaisant de la galette) pour relever le niveau de l’album. Le génie créatif d’Henrik Flyman semble anesthésié et l’inspiration envolée. Bien dommage car les choix d’harmonies et d’arrangements savent parfois se faire plus audacieux (et puis c’est pas comme si le groupe nous avait démontré qu’il pouvait le faire par le passé).

On sent bien que le groupe est arrivé à une impasse, et la séparation avec Apollo apparaît comme inéluctable si le groupe veut espérer survivre, ce que la deuxième moitié de l’opus tente timidement de faire. "Pentagram" est à l’image de sa pochette, il rejoindra le caveau des anonymes et malgré les aspects plus noirs que le groupe a cherché à mettre en avant, il n’y aura pas de vendetta qui tienne...

Sauvons "On A Bed Of Thorns" et "Strangers Might Fool Ya" du marasme, même s’ils ne sont pas au niveau des deux premières réalisations du groupe et attendons des jours meilleurs.

Un 1/5 un peu sévère pour un groupe bourré de talent qui creuse sa propre tombe.