Coucou, je suis DarkMorue et je suis du genre grave à la bourre.
Ce DEAD CONGREGATION, c'est bon, tout le monde le connaît et l'a écouté normalement, enfin tous ceux qui aiment le Death Metal quoi. Parce qu'il est sorti il y a 6 mois et vu la tuerie que c'est c'était quand même dur de passer à côté. Faut dire que nos Grecs avaient déjà fait un beau bordel avec leur "Graves Of The Archangels" en 2008, énorme monolithe noir de suie qui remettait le nom d'INCANTATION au goût du jour à une époque où ce dernier patinait un peu, belle œuvre de Death Metal noir de chez noir à la saveur cryptique, type décombres d'une pyramide hantée par l'antéchrist, absolument jouissif et riche. Et donc, pas moins de 6 ans après, on remet le couvert, avec une œuvre majeure, terrifiante, qui marque pour sûr son année de sortie.

2014 était jusque là pour moi un peu l'année où tous les groupes que j'aimais sortaient un album moyen qui sert à rien, en totale opposition avec 2013. Alors bon, on comprend la leçon, autant ne taper que dans la division inférieure si c'est pour se retrouver en face de tels monuments. Parce que oui, "Promulgation Of The Fall" est tout simplement l'album qu'on attendait, le truc ultime, le héraut, Nyarlathotep, m'bref vous avez compris. Le modèle que tout le monde tente d'atteindre depuis un moment mais sans succès. C'est pas compliqué, même si pas mal ont tenté avec un franc succès de s'aventurer sur le terrain du Death blasphématoire et intense sans verser dans le chaos ultime (je pense à GOREPHILIA l'année passée, plusieurs DRAWN AND QUARTERED, les derniers INCANTATION qui reprennent du poil de la bête noire, FATHER BEFOULED, les énormes TYRANT GOATGALDRAKONA ou un NECROS CHRISTOS qui se défend dans un registre plus Doom), aucun n'a atteint ce degré de réussite, d'immersion. Dés les premières notes, les premiers blasts furieux de "Only Ashes Remains", on voit les nuages noirs se former, la terre se craqueler et prendre feu, d'énormes griffes sortir du sol et on se fait d'office enfermer dans un labyrinthe où rodent des entités impies, mal intentionnées et violentes. Le soundtrack de la scène d'éclipse de Berzerk pour les connaisseurs.

L’enchaînement des trois premiers titres ravage tout. On est d'office soufflés par la violence opaque dont fait preuve l'album, d'une intensité effarante grâce à une production parfaite, avec un son de guitare intense et dense sachant se faire plus subtil quand il s'agit de distiller de la mélodie, une batterie très mécanique, un peu en retrait, et un chant guttural ultra présent et suintant le mal. Et par-dessus ça, ça bourre, ça défonce, on se bouffe régulièrement d'énormes séquences tout simplement suffocantes (vas-y la fin de "Serpentskin" qui nous enfonce six pieds sous terre) et des accès de rage ténébreuse fréquents, l'apocalyptique "From A Wretched Womb" final étant on ne peut plus à l'avenant. Mais c'est bien joli de flanquer des mandales à grands coups de cordes mais c'est surtout au final sur le plan de l'ambiance, des discrètes mélodies, des petits détours sournois, que DEAD CONGREGATION arrive à vraiment tout transcender, à subjuguer, là où il tape le plus fort. Nous faire voir la lumière au bout du tunnel, apercevoir des cieux distants, et replonger subitement. On peut certes parler des petites leads disséminées un peu partout, en fond des gros riffs gras, foutant les chocottes en parallèle au gros bloc nous tombant sur la gueule (irk "Immaculate Poison") mais on a aussi et surtout du bon gros moment de bravoure qui laisse en sueur.

Genre le titre éponyme, coincé entre deux des plus gros monolithes. Pouvant parfaitement être une outro d'album de part ses mélodies lugubres montant en puissance, très mid-tempo et hypnotique, curieusement placé en seconde position mais se faisant un des grands moments de l'album en faisant ainsi monter toute la tension d'un cran et tomber un voile de ténèbres avant de repartir subitement dans la bestialité à cornes pure et simple. Et on repart et plus jamais on ne décroche, jusqu'à l’enchaînement maladif et ultime "Negrido"-"Schisma" regroupant tout ce qu'on a pu aimer en ces lieux impies jusque là, le dernier pavé de 7 min se faisant l'instant de grâce ultime, ralentissant pour tisser des leads toujours plus prenantes que les précédentes, sur le fil, possédées, déclinées, jusqu'à l'essoufflement. Une expérience à vivre, dans laquelle s'investir pleinement, à écouter concentré et en transe, en conditions, et de préférence sans un profond besoin d'être joyeux le restant de la soirée.

Voilà. Beaucoup ont tenté, DEAD CONGREGATION l'a fait. Se foutre sur le même terrain de jeu qu'INCANTATION mais pousser le vice beaucoup plus loin en déployant une brutalité équivalente mêlée à de l'émotion pure via des mélodies très particulières, vicelardes, parfaitement distillées et structurées, faisant de "Promulgation Of The Fall" rien de moins qu'un album parfait en son genre, sans faux pas, sans même la moindre marge de manœuvre laissée pour une éventuelle amélioration.
Un album qui a pu à lui seul ruiner l'été de tout le monde en faisant voler en éclats toute forme de pureté, noircissant le ciel, et purifiant tout par le feu.
Y a pas à dire, décidément, ils sont forts ces grecs.

Σατανά καλύτερα τώρα : Un album d'une pureté malfaisante rarement atteinte. Ne passez pas à côté. Sommet de 2014.