La reformation de CARCASS, au départ pour le Live laissait forcément des attentes. On connaissait la constante qualité de la courte discographie du combo britannique, révolutionnant son univers à chaque nouvel opus, s’extrayant de la matrice NAPALM DEATH pour évoluer vers un Grindcore puis progressivement vers un Death Metal de plus en plus recherché et puissant. Quand un groupe se sépare, deux possibilités : soit les membres du groupe ne peuvent plus se blairer, ce qui est loin d’être le cas des principaux artisans (Jeff Walker, Bill Steer et Ken Owen), soit la formation a la sensation d’avoir tout dit et ressent un besoin prégnant d’aller voir ailleurs.

Du coup, on pouvait légitimement se demander ce qu’allait nous proposer CARCASS pour ce millésime 2013… Et comme le disait très justement mon émérite collègue Dark Morue, CARCASS fait maintenant du Thrash Metal. Mais attention pas n’importe lequel, celui qui défonce ! CARCASS comme toujours va au-delà de ce qu'on attend de lui et se pose une nouvelle fois en référence. On est cajolé des oreilles aux premières harmonies de "1985", rappelant la belle époque mélodique de "Heartwork" ; on a la sensation d’ouvrir un congélateur et de voir la bête revenir à la vie tel Hibernatus après un (trop) long sommeil, tout est encore là, de la guitare tranchante de Bill Steer au chant écorché de Jeff Walker. La première cavalcade ne laisse pas de survivants. Toujours avec ces vocaux putrides rendant tout ce qu’il chante un peu malsain, Jeff Walker permet à l’auditeur de reconnaître instantanément CARCASS.

Et on peut se réjouir d’entendre éructer Ken Owen sur "Unfit Human Consumption" et "Thrasher’s Abattoir" ! Le malheureux cogneur, qui ne peut plus jouer suite à une hémorragie cérébrale l’ayant laissé dix mois dans le coma (quel revers cynique quand on sait le penchant du groupe pour les textes inspirés de l'univers médical), fait toujours partie du collectif et la relève à son siège est assurée par l’ancien batteur d’ABORTED Daniel Wilding qui accomplit un job tout à fait jouissif. On prend un plaisir dingue à se démonter la nuque ("Thrasher’s Abattoir") ou à se faire happer par les riffs écrasants ("Noncompliance To ASTM F899-12 Standard", le final de "Mount Of Execution"). En définitive, un album plus qu’enthousiasmant qui tient carrément la route après des dizaines d’écoutes et qui n’a pour l’instant aucune concurrence en 2013. Sans doute l’album Thrash de l’année.