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BLACK PROG PSYCHéDéLIQUE  |  STUDIO

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HAIL SPIRIT NOIR - Pneuma (2012)
Par DOLORÈS le 26 Octobre 2012          Consultée 2930 fois

"Pneuma" arrive comme un cheveu sur la soupe. Le groupe grec encore récent nous tend son œuvre, au visuel noirci par les nuages de fumée stupéfiante, du peintre américain Jesse Peper. Derrière son petit air tribal ritualiste énigmatique, l'album cache pourtant une tout autre chose. Black obscur style DEATHSPELL OMEGA (en mieux), ambiances à la OPETH (album d'ailleurs enregistré avec la participation de Jens Bogren), échos évidents à KING CRIMSON ou un peu moins à THE DEVIL'S BLOOD. De bons ingrédients pour un rendu explosif, en clair. Malgré l'unicité de l'album (même si on l'espère, verra naître des frères au même caractère), le passé des deux membres au sein de TRANSCENDING BIZARRE? (avant-garde Black symphonique) annonce une certaine confiance. Le dernier album s'était déjà épris d'une certaine affection pour le Prog. Avec HAIL SPIRIT NOIR, les compositions sont teintées de maturité et de recherche, car même si elles s'éloignent bien de ce qu'ils ont pu faire par le passé, celui-ci a largement contribué à construire ce qu'on peut entendre avec "Pneuma" aujourd'hui.

A travers cet album, les Grecs expérimentent un nouveau Black Metal, dégoulinant de psychédélisme, imprégné d'une sorte d'occultisme comme le suggère superbement l'artwork. Reprenons donc, l'obscurité écrasante du Black où plane comme un brouillard très opaque aux couleurs fades le psychédélisme des groupes de Rock-Prog des 70s. Étonnant ? Non, le mélange fonctionne à merveille.

Le premier morceau installe les fondations de l'album entier. L'univers se crée sans problème, et on voit où le groupe veut en venir avec "Mountain Of Horror". On se rend peu à peu compte que l'ambiance black n'y est pas totalement, et que la technique Prog psychédélique reprend vite et constamment le dessus. Pas étonnant que Theo (guitares) confesse en interview que la première idée était une musique qui collerait à un film d'horreur des 70s, à la fois Prog et Black. Orgue Hammond, soli façon LSD, voix black et blast-beats... L'alliance est poignante. La voix rappelle constamment l'influence black des membres. Parfois haineuse, parfois murmurée comme elle l'était souvent pour TRANSCENDING BIZARRE?, la voix me fait instantanément penser à celle de Niklas Kvarforth (SHINING). Sans en être une imitation, ce genre de voix puissante et maîtrisée colle parfaitement. Elle perd cependant une part de son intensité car peu soutenue par les instruments. La guitare se retrouve loin d'être maléfique, sans disto, avec une batterie discrète. Les deux membres nous avaient habitués à des blocs de force complétés d'une technique pointue, efficace sur les albums récents de leur autre projet. Ce point manque. L'ensemble a un côté perfection à la demi-seconde près, mais où sont cachées les compositions qui nous secoueront une bonne fois pour toute ? C'est original, c'est extrêmement bien réalisé, mais ça ne vient pas farfouiller dans nos tripes et nous hérisser les poils.

Malgré les expérimentations du groupe, le mélange peut tout de même être qualifié de cohérent, c'est là qu'on peut l'applaudir. Il peut aussi être qualifié d'avant-gardiste, et je me suis surprise à trouver un certain écho à des morceaux d'EPHEL DUATH dans la petite dissonance et la forme, en moins cinglé (bien que "Pneuma" reste un album assez barré dans l'ensemble, mais empreint de modestie et de limites).

Le titre le plus long (plus de treize minutes), et avant-dernier de l'album, est sans doute le plus réussi. Le mélange de style fonctionne parfaitement. Tantôt une voix black, tantôt une séduisante voix claire, des parties à la guitare sèche et d'autres aux bons riffs accrocheurs (cette alchimie déjà entendue sur "Let Your Devil Come Inside" mais cette fois en plus poussée), on nage en plein délire psychédélique des deux membres, comme si deux esprits familiers sous drogue s'étaient mêlés afin de former un seul monde, un monde intitulé "Into The Gates Of Time". La composition se retrouve innovante à chaque fois, le morceau a beau être long, on le voit passer comme deux minutes, car l'ennui n'a jamais le temps de s'installer. Rien ne dure, le morceau part toujours plus loin, plus complexe. On retrouve là un évident lien à créer avec certains morceaux d'OPETH comme sur l'album "Deliverance".

Il suffit de porter son attention sur autre chose le temps de peut-être vingt secondes, et lorsque votre oreille se repose soudain sur "Pneuma", vous ne pouvez pas comprendre ce qui s'est passé. L'avantage des morceaux, si peu soient-ils (six au total pour une trentaine de minutes), est de ne jamais donner l'impression de tourner en rond, ou d'un certain déjà-vu.
Pardon, j'ai dit que le morceau se laissait écouter tranquillement et facilement sans devenir ennuyeux? Excusez-moi, je ne parlais que des neuf premières minutes. Mais... pourquoi tant de haine? Veulent-ils nous rendre fous avec ces quatre minutes de bruit agaçant en fin de morceau? Il va falloir m'expliquer l'intérêt. Cette outro gâche partiellement la magie des neuf premières minutes.

Le morceau final, "Haire Pneuma Skoteino" rappelle à la fois le titre de l'album et le nom du groupe dans les paroles. Mon avis est presque confus, j'ai du mal à le cerner. Il m'apparaît à la fois accessible et tendu. Mélodieux, aux structures répétitives, on y retrouve même un peu la force musicale qu'il y avait dans les compositions de TRANSCENDING BIZARRE?. Il y a aussi une nouvelle influence assez improbable mais qui colle parfaitement avec l'ambiance vieux film d'horreur souhaitée : le Batcave. Ces notes au clavier, cette batterie souvent simple et pas loin des rythmiques présentes dans la musique gothique, ces riffs entraînants sans être mis en avant. Avant l'arrivée de la voix black, on peut presque croire à un bon vieux morceau de Batcave ou de Gothrock (au son étonnamment propre je vous l'accorde). Il reste néanmoins plus accessible que les autres titres, car moins désordonné, contrairement à "Against The Curse, We Dream" qui avait la même influence mais qui gardait l'aspect progressif bien ancré.

"Pneuma" est difficile à dompter et inattendu. HAIL SPIRIT NOIR nous sort, en 2012, un album aux influences variées en restant surprenant et cohérent. Le sujet est largement maîtrisé, entre Black et Prog, avec parfois un petit manque d'énergie qui reste cependant largement surmontable pour apprécier à sa juste valeur l'album. Le sentiment dominant à la fin de l'écoute, c'est une surprise mêlée de curiosité. Je suis restée sur une impression de satisfaction, avec l'idée d'un album réussi en pensant tout de même que ce n'est que le premier jet du groupe sur ce terrain glissant.

Note réelle: 3,5.

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   DOLORÈS

 
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- Haris (claviers)
- Theo (chant, guitare)


1. Mountain Of Horror
2. Let Your Devil Come Inside
3. Against The Curse, We Dream
4. When All Is Black
5. Into The Gates Of Time
6. Haire Pneuma Skoteino



             



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