BLACK MAJESTY est, album après album, en train de s'imposer comme le AC/DC du Power-Metal "à l'européenne ", la notoriété et le sexe en moins. L'analogie n'est pas anodine, puisque le groupe nous vient, lui-aussi, du pays des kangourous. Il aurait été tentant, vraiment, de faire un copier-coller de la chronique de Bast à propos de l'album précédent, "In Your Honour", pour décrire la teneur de ce cinquième album du groupe. Car BLACK MAJESTY ne change pas d'un iota sa recette, à savoir un Heavy-Power mélodique teinté de touches speed. L'ensemble est redondant, mais on s'en fiche, car "Stargazer" est foutrement bon.

Le plus gros changement se situe au niveau de la pochette de l'album qui adopte, au contraire des précédentes, des couleurs chaudes rouge-orangées. Les deux mascottes, le lion et le magicien, sortis tout droit d'un mauvais roman de science-fiction, sont toujours de la partie. Tout comme le Metal Prog et ses visuels géométriques, le Stoner et ses dessins hallucinés, le Heavy de BLACK MAJESTY répond à des codes visuels qui paraissent inébranlables. La musique, elle aussi, ne sort pas un seul instant des sentiers battus. Il y a de la puissance, de la mélodie, ainsi qu'un certain lyrisme vocal qui confirme tout le bien que l'on peut penser du chanteur John CAVALIERE, capable de varier sa palette d'émotions autant que de changer d'octave en quelques mesures à peine.

Valeur sûre du genre, BLACK MAJESTY poursuit sa route sans progresser d'un pouce, mais en évitant soigneusement de faire marche arrière. A nouveau, les premières écoutes de ce nouvel album peuvent se faire douloureuses, l'oreille cherchant vainement une nouveauté, une originalité à laquelle s'accrocher. Et puis, se disant que le renouvellement d'un genre musical ne se fait pas en un jour, l'auditeur accepte d'apprécier l'album pour ce qu'il est, sans trop en exiger. Enregistré et mixé dans les studios de l'ex-HELLOWEEN Roland Grapow, tout comme son prédécesseur, "Stargazer" frappe fort et juste, et s'inscrit dans la droite lignée d'un Heavy mélodique de qualité, tel celui de GAMMA RAY ou d'IRON SAVIOR. "Lost Highway" illustre parfaitement cet état de fait, usant de toute la rigueur rythmique inhérent au Speed Metal, mais proposant un solo de guitare sentant bon la sueur et les dessous de bras. Attachant et charismatique, le groupe use de son savoir-faire et parvient à convaincre en se faisant tour à tour épique ("Journey To The Soul"), résolument traditionnel ("Holy Killers" et ses clins d’œil à PRIMAL FEAR), tout en restant audacieux (le morceau-titre "Stargazer", pièce à faire passer AVANTASIA pour le SKYLARK du Metal épique).

On trouve sur cet album du riff qui claque, du refrain qui persiste, de la mélodie qui séduit. Oui, on trouve tout cela, dans les mêmes proportions que sur les albums précédents. Si le danger d'une valeur sûre est de décevoir en modifiant son propos, pas de risque pour les amateurs de BLACK MAJESTY. Jusqu'à la bonus-track "Shine", tendre ballade dans la lignée de la reprise de "Soldier Of Fortune" (album "Tomorrowland"), rien ne dépasse les compétences des Australiens, qui font leur travail comme de bons artisans appliqués et talentueux. Son statut respecté, le groupe peut être fier d'un album efficace et authentique. C'est bien là l'essentiel.