C'est quand même assez fou comment SYBREED a réussi à s'implanter dans le paysage Metal actuel. En trois albums, voilà qu'on tient le renouveau de la scène Cyber, une formation prête à prendre le genre sur ses épaules en voyant FEAR FACTORY, MNEMIC et autres en plein patinage artistique. Entre la bombe nucléaire "Slave Design" et l'usine à tubes inoxydable "The Pulse Of Awakening", les voilà déjà passés à postérité, les albums cultes étant déjà livrés au public.
Bon. Ben du coup on a peur qu'ils aient déjà tout dit. De quoi craindre un petit peu ce que pourrait contenir ce nouvel album, bien que le somptueux artwork rassurait en nous laissant penser à une musique plus sombre qu'auparavant...

Plus sombre ? Woulah non. "God Is An Automaton" est peut-être même ce qu'ils nous ont servi de plus lumineux à ce jour. Ambiance d'une lueur blanche chatoyante ne prenant une coloration noirâtre qu'en quelques occasions clefs.
En attendant, contrairement aux albums précédents, pas de véritable changements dans le fond. On s'amuse plutôt à condenser les trois opus en un seul, pour résumer un peu la carrière, avec quelques petites nouveautés mais pas assez pour qu'on ait l'impression d'un album indispensable.
Terrain connu total. Production totalement aseptisée mais dans le bon sens du terme, pour un rendu froid et cybernétique excluant toute forme d'humanité de la section instrumentale. D'ailleurs, on note une orientation légèrement plus Djent qu'avant, ça saccade un poil plus mais l'épais vernis électronique fait passer tout ça impeccablement et masque l’absence de vrais riffs au profit de motifs rythmiques secs. La maîtrise des arrangements est toujours aussi impressionnante, parfois même inventive ("Hightech Versus Lowlife"), à la hauteur de ce qu'on pouvait en attendre.
Mais ça cloche. Y a un truc qui ne va pas. Et un gros.

Voilà, dans la forme l'album est parfait. Irréprochable même. Peut-être trop. Et Ben assure comme un monstre au micro, diversifiant encore plus son chant extrême qui en plus des intonations hurlées maintenant bien typées Black Metal agrémente le tout de discrets growls (les refrains de "A Radiant Daybreak" ou "Into The Blackest Light" absolument jouissifs). Mais le problème c'est que tout ça est fort inégal. L'ambiance apocalyptique et robotique est bien là, ultra froide et futuriste, mais c'est un peu du pilotage automatique tout ça...
Alors oui, il y a de la belle tuerie. On peut affirmer que les morceaux composant "God Is An Automaton" sont divisés en trois catégories, comme le dirait Clint Eastwood.

Déjà, y a les morceaux absolument énormes. Que ce soit les gros tubes dopés au groove de Cyborg comme "No Wisdom Brings Solace", ou encore cette fin d'album absolument parfaite qui lui fait gagner un point complet... Ah c'est clair que ces trois derniers titres, les tout meilleurs de l'album, ne laissent pas de marbre... Déjà "A Radiant Daybreak", sûrement le plus gros hit de l'album apportant une véritable dimension épique et un refrain extrême absolument démentiel, enchaîné sur l'excessivement sombre "Into The Blackest Light", assurément le titre le plus percutant de l'opus. Et que dire de la pièce épique et tragique de fin, qui réussit à tenir en haleine pendant ses 7min (et 2min d'outro inutiles), son refrain touchant, et une atmosphère désabusée des plus prenantes...

Ensuite, y a les morceaux qui démarrent bien mais se vautrent totalement en cours de route. Pour ne pas les nommer, "Red Nova Ignition" qui commence de manière sèche et brutale, avec même du blast, et se bouffe un refrain d'une merditude assez affolante et ne décollant plus jamais passé sa première minute. Même constat pour "Hightech Versus Lowlife", le refrain bien trop peu accrocheur plombant tout. De même pour "Challenger" que moi je pige pas en quoi c'est le tube de l'album, vu que le refrain me rentre dans une oreille et me sort par l'autre (mais je salue les cavalcades électroniques incessantes quand même).
Et après, on ne va pas y aller par quatre chemins, y a aussi les compositions de merde. Le titre éponyme pénible qui ne décolle absolument jamais, "Downfall Inc" qui fait dormir. Et les pistes 1 et 3 qui sonnent d'une banalité assez monstrueuse, lançant l'album efficacement mais bien trop communes pour être retenues. Et ce côté inégal fait un grand tort à l'album pris dans sa globalité, voyant sa qualité faire du yo-yo et effilochant notre attention, risquant même de totalement la paumer une fois arrivé au sommet final...

Donc bon, le bilan n'est pas si positif que ça. Du coup c'est un peu à "The Pulse Of Awakening" ce qu'a été "Antares" à "Slave Design". Un pas en avant dans la forme mais une belle régression dans le fond, avec un art du tube qui se perd et résulte en un album trop inégal pour être totalement appréciable.
On a donc de la grosse merde qui côtoie de l'inégal et de l'exceptionnel. On peut donc parier que cette sortie passera nettement plus inaperçue que les précédentes, et nos petits Suisses ont intérêt à méchamment se sortir les doigts si ils veulent conserver leur place de fer de lance d'un faux genre en totale déroute ces derniers temps. M'enfin, comme on dit maintenant et comme on le disait déjà en 2009, c'est déjà mieux que le dernier FEAR FACTORY...

684354563486 : Un album de plus pour SYBREED, qui ne marquera pas les esprits autant que les précédents mais a le mérite de proposer du lourd sur la fin...

2,5/5 arrondi à 3 pour finir sur une note positive de la même manière que la galette.