J’ai récemment pu lire, sur ce même site, une chronique d’un groupe Italien qui démarrait en trombe sur une accroche un peu provo qui faisait état de la désertification du paysage Metal dans le pays en forme de rangeos. C’est vrai que pour qui n’y a pas regardé de près, les clichés ne jouent pas en la faveur des méditerranéens : ah, l’Italie. Le bon gout raffiné et un supposé flegme oiseux, déclinés dans la Dolce Vita, le parmesan, le chianti, l’huile d’olive, Michel Ange, le soleil de la Toscane, la sérénité bucolique des ruines romaines…
… les hurlements stridents de hordes de thrasheurs bardés de cuir et qui derrière leurs Aviators ne voient pas exactement les choses de cette façon. Incidemment, ces types jouent du Metal plus Metal que tous les groupes évoqués dans la chro’ délictueuse. Du Metal tout court en somme, no bullshit, trop pressé d’enchainer les riffs tubesques pour faire des fioritures.
Voilà l’Italie Metal quand on gratte la croûte de combos qui représentent-mal- le pays : de fringants bonhommes à la chevelure folle et à la plume poétique (au sens de poésie du bitume et des fumoirs d’arrière-salle de concerts : « LETS GO BABE, IT’S NIGHT/ LETS GO TO THE NIGHT ! »). Ouaip, ce genre de poésie, euh.
Bon, je charrie un peu, le true-metal Italien c’est pas que du revival Thrash. Mais la barbarie de BAPHOMETS BLOOD n’ est super étonnante vue l’implication du batteur et du chanteur gratteux du combo dans BLASPHEMOPHAGHER. Là je vais faire un peu le chroniqueur frustré par contre, puisque la filiation avec « le » groupe extrême Italien, les illustres BULLDOZER, est ténue. BAPHOMET’S BLOOD joue quand même indéniablement un bon Speed/Thrash bloqué dans le passé avec 1990 pour date butoir absolue. Mais contrairement aux deux autres formations évoquées, le groupe est moins dans l’optique de repousser des limites de brutalité evil, flottantes et évoluant à chaque sortie d’album dans les 80s (aujourd’hui c’est plus dur forcément mais ça fait pas peur aux bourrins de toute façon), et se repose plus sur son style exécuté à la perfection. Vitesse et headbang sont les seuls mots au cahier des charges (mais pas celui, vilain, de revival, le Metal sonnant ici trop sincère pour ça, ouf).

Sur ce troisième album (sorti seulement en LP, parce que quitte à botter des culs autant s’en donner les moyens), le Sang de Baphomet propose un matériel aussi facile à chroniquer qu’il l’est à écouter - si glisser une chanson nommée "Italian Steel" c’est pas un cadeau ! Il est d’autant plus tenant de reprendre l’expression à tout bout de champ puisqu’elle colle parfaitement à la musique de B’B’, qui entre son riff et son solo utilise juste autant de chœurs que nécessaire, à outrance donc. Mais quand BAPHOMETS BLOOD chante des conneries on écoute et on hurle avec (« KILL KILL KILL ! »). Et tous les refrains de l’album obéissent à cette règle. Y a qu’à entendre l’enfer qui se déchaine dès la fin d’une intro bien réussie (des bruits métalliques !) pour comprendre qu’on a pas affaire à une musique conçue pour s’apprécier allongé sur son lit les yeux fermés. Sauf si vous savez survivre en headbangant la nuque à plat pendant le début frénétique de "Midnight Patrol" ! Aaaaaaargh.
Tout ça pour dire que oui, il y a du Metal en Italie, même qu’il peut taper parfois beaucoup plus fort et beaucoup plus juste que de ce côté-ci de la frontière. Néanmoins les bonshommes ne sont pas chauvins et nous offrent en dernière piste une reprise d’une vieillerie belge histoire de montrer que le Speed c’est une histoire de famille en Europe.

3,5/5.