Bon sang vous avez pas idée du temps que j'ai mis à finalement me décider à rédiger ces lignes. Un an qu'il est sur mes tablettes. Un an que je me dis que demain c'est la bonne. Va bien falloir s'y jeter corps et âme un jour, estimer être prêt à présenter une telle œuvre aux lecteurs du plus grand webzine de la création de l'univers vers l'infini et au delà. Alors on va dire que c'est parti, le poisson pas clair se jette à l'eau (huhuhu) et se décide enfin à parler de LYKATHEA AFLAME et son unique album paru il y a... Il y a bientôt 12 ans. Oui 2000 c'était il y a 12 ans, et même moi ça m'en refile un coup de vieux blasant...

Enfin unique album, avant, ils s'appelaient APPALING SPAWN et avaient bien sorti un full-length, dans un registre sensiblement différent cependant. Ensuite ils ont splitté. Enfin, ils sont pseudo-revenus sous le nom de LYKATHE avec un line-up qui n'a rien à voir mais on n'a pas la masse de nouvelles pour autant. Bref, ce cultissime "Elvenefris" reste à l'heure actuelle leur dernier témoignage en date, sortit chez le bon gros label Tchèque Obscene Productions. Et le moins qu'on puisse dire c'est que c'est franchement pas rien.

Vous êtes nombreux à rêver d'une véritable hybridation du Brutal Death, c'est à dire aller au delà des influences autres et carrément le mixer/fusionner avec quelque chose de bien plus mélodique et ambiancé, ou tout du moins n'ayant rien à voir. Enfin je sais pas si vous êtes nombreux mais moi c'est mon cas, d'ailleurs c'est pour ça que THE MONOLITH DEATHCULT ou WHOURKR me refilent une belle trique. Au diable NILE et son Brutal Death Technique pur jus agrémenté de 3 interludes en carton quoi. Car pour le coup, LYKATHEA AFLAME s'adresse à la fois aux fans de DEVOURMENT et ceux de ORPHANED LAND. Ou aux fans des deux, et ça existe, j'en suis un.
Parce que bon, vous aussi avez longtemps cherché en vain quelque chose qui mêlerait gros blast, riffs acérés, voix de porcasse, technicité effarante, chant clair, claviers et acoustique céleste, mélodies enchanteresses et ambiance mystique ? Tadaaaaa !

LYKATHEA AFLAME est un groupe de Brutal Death. Les parties rapides déboîtent, le batteur cogne avec un son à la Texane, riffs en lame de fond typiques de la scène US (et pan "Land Where Sympathy Is Air" qui défouraille quand même bien, tout comme l'abyssale et triste "Sadness And Strength") et vocaliste méga guttural yaourt. Mais LYKATHEA AFLAME est aussi un groupe à la limite de l'ambiant New Age, sortant la guitare acoustique, les nappes de clavier spectrales et une voix hybride entre chant grandiloquent, déclamations et incantations. Au détour d'un break, toujours une mélodie splendide ("On The Way Home" me hante depuis des années, une pure merveille d'un bout à l'autre avec sa brutalité exubérante gorgée de mélodies enivrantes, tout comme les sublimes deux derniers tiers de la fantastique "A Step Closer"). Totalement unique en son genre donc, réussissant à marier deux univers totalement opposés avec brio et cohérence, aussi surprenant que cela puisse paraître. Mais en allant beaucoup plus loin. Surtout ne pas s'arrêter à penser qu'on a ici une simple alternance gruik/calme, même les riffs les plus brutaux sont allégés par cette touche mystique et orientale, la guitare sèche fusionnant régulièrement avec les murs implacables, tout comme les arrangements et autres claviers, pour emmener l'auditeur loin, très loin, voguer au milieu des esprits dans un jardin luxuriant dont la pochette serait la clef, mais toujours avec force et vigueur, et une puissance évocatrice hors normes.

Bon sang j'ai déjà parlé de "A Step Closer" juste belle à en pleurer mais rebelote tellement ça vaut le coup. Mais la qualité est tellement homogène qu'il est presque impossible de citer un passage plutôt qu'un autre. Que ce soit les magiques "To Become Shelter And Salvation" qui révèle le talent incroyable d'un batteur devant beaucoup à CRYPTOPSY entre deux catapultage au paradis suspendu, "Flowering Entity" et son final gracieux semblant tutoyer les dieux (raaaah cette voix grave aux intonations religieuses sur lit de guitare acoustique, que du bonheur) ou l'incroyable "On The Way Home" encore, jamais on ne baisse en intensité, en images fictives, avec toujours une nappe de clavier subtile au détour d'un des nombreux breaks d'un style autre, une ligne de guitare bien placée, un riff brutal et sec aux allures de montagne russe ou un placement de chant spectral en réponse aux growls gras... Tout y est, tout. Ces Tchèques nous vendent du rêve et servent un opus inégalé, mystérieux et violent, intense et maîtrisé, servi par une technique sans faille et toujours des trouvailles absolument fantastiques ("An Old Man And A Child" et ses discrets arrangements colorant la compo entière d'une ambiance désertique et accueillante...). Quel dommage donc de finir sur cette outro, magnifique redescente sur terre après une chaude visite au royaume des Dieux, symbolisée par des gazouillements de petits zoziaux sur des nappes de clavier prenantes... Pendant 11 minutes. Ah okay, je coupe au bout de 3 en faite. Mais après 1h de musique d'une qualité aussi époustouflante, impossible de leur en vouloir...

Voilà, j'ai peut-être pas beaucoup parlé de la musique, enfin pas assez du moins, mais vous avez bien une idée du résultat, et un album aussi unique en son genre se doit d'être découvert et savouré de manière objective et individuelle. Et de toute façon si j'avais voulu faire une étude approfondie j'aurais pété les standards et fait une chro encore plus longue que mon S.U.P. illisible alors remerciez moi. Et au sujet de "Elvenefris", qu'une seule chose à dire : trouvez un moyen de vous le foutre dans les oreilles, celui que vous voulez (longtemps introuvable, mais réédité y'a quelques mois) et savourez une perle rare que tout le monde se doit de connaître, ne serait-ce que pour l'avoir comme référence.

Abnabamaralagla : bon euh écoutez, pour une fois vous allez dégager de cette phrase de merde et lire la chronique en entier non ? J'ai déjà bien trop synthétisé à mon goût alors un peu de respect non mais !