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BRUTAL DEATH TECHNIQUE  |  STUDIO

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2006 Noctambulant
2012 2 Incurso
 

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SPAWN OF POSSESSION - Incurso (2012)
Par DARK MORUE le 26 Mars 2012          Consultée 10311 fois

Je saurais pas dire si je l'ai vu arriver ou pas celui-là. "Noctambulant" a été globalement adulé mais ne me fait qu'un effet limité. Presque inespéré, SPAWN OF POSSESSION a donc fait un retour studio pas moins de six ans plus tard avec cet "Incurso" dont je vais vous conter les histoires. En regardant en détail, avant même tout premier contact, tout amateur qui aurait suivi l'élaboration de cette œuvre d'un œil distrait avait de quoi tiquer. L'intégration de Christian Muenzner (guitariste chez NECROPHAGIST et OBSCURA, ouais rien que ça), la révélation de cette somptueuse pochette Lovecraftienne, la longue maturation de l'opus, petits détails qui font encore plus baver les impatients. Puis ensuite quelques extraits filtrent et c'est cool. Puis la précommande arrive dans ma boîte aux lettres et c'est la claque ultime en progression.

Je préviens donc tout de suite : on est en présence d'un album sur lequel on pourrait raconter un roman, voire une encyclopédie en 42 volumes. Je vais devoir y aller à la concision et taper dans le lard, et Dieu sait que je suis pas doué pour ça, rien que l'idée d'écorcher cette masterpiece d'une prose moisie m'en fait perdre les ongles, restés coincés entre les touches de mon clavier à force de spasmes nerveux impulsifs. Snif bouh ouin ouin.

Car oui, "Incurso" est un album qu'on pourrait presque qualifier d'unique, et également d'une richesse incroyable. Tout d'abord les points faibles de l'album précédent sont purement et simplement gommés : liquidation radicale de toute forme de mid-tempo molasson comme l'atroce "Sour Flow", et surtout jamais la débauche technique (absolument effrayante) ne part dans des contrées stériles laissant l'auditeur comme un con en train de regarder un chevelu masturber son gros manche avec un grand sourire satisfait.

Il suffit de s'attarder sur le morceau le plus long de la carrière du groupe, "The Evangelist", faisant office de morceau-fleuve approchant les dix minutes, pour comprendre. Très ambitieux, bouffant à tous les râteliers mais ne perdant jamais de vue son objectif d'accroche. Aussi surprenant que cela puisse l'être, tout le travail de structuration est parfaitement lisible et ne cherche jamais à paumer le client dans des méandres progressives, refrain clairement identifiable et riffs "principaux" à la clef, et ce malgré le foisonnement de plans et de longs passages purement instrumentaux.

Parlons-en des riffs tenez. Loin de simple castagne enchaînant les notes à la vitesse de la lumière, on a ici de véritables torrents de cordes grattées iridescentes symboles à la fois d'une technicité traumatisante pour tout musicien en herbe et d'un sens de la mélodie qui bute caractéristique, pas de BRAIN DRILL débilosaure mais plutôt ce NECROPHAGIST sous speed, typique du Brutal Death Technique gorgé de mélodies dont le combo est quand même un des pionniers et prêcheurs. Les riffs principaux totalement épiques du parfait titre d'ouverture "Where Angels Go, Demons Follow" étant bien représentatifs de l'ensemble tout en étant ici presque uniques. On prend ça dans la face et on se le garde, à l'instar du monument "Servitude Of Souls" et son intro entrecoupée de basse jouissive ou la perfection harmonique accélérée de "No Light Spared", pièce absolument incroyable qu'il faut véritablement voir pour le croire...

À rien ne sert de trop faire l'apologie purement technique des musiciens tant celle-ci est plus qu'évidente. Les guitaristes s'expriment dans les très nombreux soli mélodiques à en pleurer (bon sang celui de "Bodiless Sleeper" juste après le passage écrasant ! Et évidement la pièce-maîtresse "The Evangelist"...), incluant les joutes supersoniques de "Deus Avertat" et la fin démentielle de "Spiritual Deception", où la touche OBSCURA est plus que palpable mais qualitativement carrément supérieure au modèle originel. Rien de surprenant quand on voit le line-up, bien que Muenzner ne soit crédité à l'élaboration d'aucun des morceaux de l'album.

Mais cette influence notable ne s'arrête pas là : on la retrouve également dans les lignes de basse. Une basse ronde avantageusement mixée, tissant sa toile et rajoutant encore à l'effroyable complexité parfaitement lisible du spectre sonore, partant même en solo à l'occasion ("Apparition", "Deus Avertat", la géniale ligne au milieu de "Spiritual Deception" ainsi que le final chatoyant). On constate aussi une progression du côté de Dennis Röndum, auparavant à la batterie mais qui gérait quand même les vocaux en backings avant de prendre maintenant le devant de la scène, laissant la place vacante au poulpe tueur Henrik Schönström (UNMOORED, TORCHBEARER...). Ses growls rapides et puissants se posant admirablement sur la charpente riffique inattaquable, flow rapide et compréhensible, suffisamment diversifié et en retrait pour laisser tout respirer.

Bref, boucherie technique in-your-face à la fois complexe et spontanée, le coup de cœur a lieu dés le tout premier contact bien que le déchiffrage et la totale maîtrise demande plusieurs dizaines d'écoutes à la clef tant l'album regorge de détails. Et figurez vous qu'en plus j'ai gardé le meilleur pour la fin...

FLESHGOD APOCALYPSE et SEPTICFLESH ont tenté de nous montrer à quoi peut ressembler du Brutal Death Symphonique en nous servant un tapis de guitares sous un orchestre grandiose. Non pas que je remette en question les évidentes qualités de ces deux combos (bien au contraire !), mais SPAWN OF POSSESSION a ici franchi un pas supplémentaire, et il se nomme "Apparition". Les orchestrations que l'album précédent nous avait servi le temps d'une intro et demi ("Scorched" bon sang, relisez la chronique précédente et comprenez que le vœu implicitement formulé est ici exaucé) sont ici pleinement déployées et totalement mélangées à un Brutal Death kaléidoscopique (l'arrivée des guitares au sein de cette pièce est tout bonnement orgasmique) au niveau technique baissant légèrement par rapport au reste (en même temps...) mais gagnant en contrepartie en ambiance. Une atmosphère cauchemardesque, propre au Black Sympho théâtral, la grosse bestiole de la pochette sort de son antre et la tempête cosmique des Dieux divins approche. Pas la peine d'en rajouter, découvrez par vous-même.

J'ai un instant hésité à balancer cette note ultime, puis cherché ne serait-ce qu'une seule raison de ne pas l'accorder. Et je n'ai bien évidement strictement rien trouvé. Les 53 minutes de l’œuvre semblent ne durer que quelques secondes, et on a tant l'impression d'être en face de l'apothéose d'un genre qu'on ne peut que s'incliner. Tout simplement le meilleur album de Death Ultra Technique à tendance Brutale qu'il m'ait été donné d'entendre depuis le "Diminishing Between Worlds" de DECREPIT BIRTH, rien que ça. Et même plus encore.

Vous aurez compris le coup de foudre et à quel point cet album a pu chambouler mon petit cœur de bourrin, en attendant je peux vous garantir une chose : parlez de l'année 2012 d'ici une grosse décennie et le simple nom de "Incurso" reviendra plus souvent que l'hypothétique catastrophe d'avant Noël...

Fap fap fap : un niveau technique inhumain au service de compos d'une richesse combinée d'efficacité quasi inédite, une nouvelle marche franchie dans le Panthéon du Death Technique.

5/5 sans la moindre trace d'hésitation.

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- Dennis Rondum (chant)
- Jonas Bryssling (guitare)
- Christian Muenzner (guitare)
- Erlend Caspersen (basse)
- Henrik Schönström (batterie)


1. Abodement
2. Where Angels Go Demons Follow
3. Bodiless Sleeper
4. The Evangelist
5. Servitude Of Soul
6. Deus Avertat
7. Spiritual Deception
8. No Light Spared
9. Apparition



             



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