Rugueux, râpeux, rêche...
Et pourtant, si fin, si incisif bref, techniquement accrocheur.

Nous voici en présence d'un nouveau groupe, quasiment ; suite à l'accident qui coûta la vie à l'excellent batteur Witek (ici, il est orthographié avec un W, non un V) et qui traumatisa - probablement à perpétuité - le deuxième chanteur du groupe, Covan. Ils n'en seront pas pour autant oubliés (voir dernière page du livret). Seul membre d'origine, Vogg, le frère de Witek et guitariste de VADER, s'est donc entouré d'une nouvelle équipe dont le bassiste de VESANIA, Heinrich. Oui, la Pologne a su garder sa tête souche de l'extrême...

Cependant, l'évolution perçue sur le déroutant - par rapport à leurs débuts - "Organic Hallucinosis" (2006) s'élargit avec ce puissant "Carnival Is Forever". Cette façon de combiner des riffs tranchants, décalés (parfois à la MESHUGGAH mais pas trop) au feeling glacial et malgré tout avec une touche certaine de Groove entêtant ! Paradoxal Système, comme dirait Laurent V. ? Oui, absolument. Les contraires s'attirent avec aisance sur ce Death rocailleux, très technique et pourtant fluide dans son ensemble. Troublant, définitivement.

Des passages "calmes" mais surtout lugubres ont pris place tels le final du titre éponyme ou encore cette surprenante instrumentale planante, froide, esseulée qu'est "Silence" en fin de parcours. Cela aère profondément les compositions et il n'y a pas cette sensation d'étouffement. Bien sûr, ça cogne et ça cisaille avec précision mais dans l'ensemble, beaucoup de variantes autour d'un même fil conducteur : la rage de poursuivre une œuvre de qualité. Ce n'est pas pour rien que DECAPITATED est adulé de par le monde Metal et plus particulièrement celui du Death sans concession hormis un doigt de Progressif... J'ai dit UN!

Ensuite la voix me fait fort penser à celle de Marc GREWE, chanteur de MORGOTH : certes aux tonalités Death, il y fleure un parfum aigu - et donc un poil plus clair - dans le timbre vocal. Très appréciable car son chant permet de nuancer ce Death frigorifique en lui apportant une touche presque humaine. Je veux dire par là qu'il y a différentes émotions qui nous parviennent, au-delà de l'aspect morbide des choses.

Alors, question batterie? Comment s'en sort-il ? A merveille : fort varié, martelant dur sans blast chiant ni rythme linéaire (à part sur "The Knife"). Ici, c'est bien un instrumentiste et non un suiveur qui marque le tempo. Cette batterie est vivante et rend ainsi un vibrant hommage au travail accompli par son défunt prédécesseur.

Et puis, cette basse sur "Pest", elle vrombit, ronronne, nous fait vibrer d'une bien belle manière en somme. En revanche, assez inaccessible auditivement parlant sur quasiment l'entièreté de l'ouvrage, dommage.

Bref, le "sticker" met bien en avant le retour d'un géant en devenir (en ce qui me concerne mais sachez que pas mal de gens les considèrent déjà au sommet... ça n'engage donc que moi, bref), DECAPITATED nous livre une galette agréable mais nous savons qu'ils vont faire mieux dans peu de temps... du moins nous l'espérons avidement !

P.S. : j'ai hésité à mettre un 4/5 à cet album. Du coup, je ne vous cache pas qu'un 3,7/5 serait plus en harmonie avec l'estime que je porte à ce "Carnival Is Forever".