C'est le retour d'un combo beaucoup trop mésestimé dans notre contrée...
NORTHER a sans doute pâti trop vite de la concurrence et de la comparaison avec COB, ce qui ne lui vaut que trop peu de coups de projecteur dans l'hexagone, bien que ses premiers opus valent vraiment le détour (notamment l'excellent "Death Unlimited").

Il n'en demeure pas moins que ce groupe que je défends ici même depuis beaucoup d'années m'avait bien déçu avec le dernier album en date ("N", paru en 2008). Je me souviens à l'époque avoir tiré la sonnette d'alarme à l'encontre de Pedri qui cédait aux chants des sirènes de son side project ENSIFERUM.
J'écrivais même, tel Nostradamus que : "Tourner le dos de la sorte à NORTHER en finirait presque par penser que ce groupe est en train de vivre ses dernières heures... de là à ce que l'on soit dans le vrai... J'espère bien me tromper mais je dois reconnaître ne pas avoir grand chose à quoi me raccrocher."...

Jusqu'alors nos amis finlandais revenaient vers nous tous les deux ans (grosso merdo), mais cette fois-ci, ce qui devait arriver arriva : Pedri Lindroos, membre/leadeur fondateur du groupe (chant et guitare) a foutu le camp. Certains vous diront de son plein gré, d'autres sommés par ses confrères qui lui ont signifié qu'il fallait choisir entre ENSIFERUM et NORTHER.
Bref, le résultat est le même et le dernier membre historique n'est plus là. Gros coup dur en 2009, qui m'avait fait alors entrevoir la mort du groupe.

Pourtant, il n'en fut rien et c'est un nouveau chanteur qui reprend place derrière le micro accompagné d'un second guitariste (logique, Pedri assurant les deux rôles à lui seul jusqu'alors).
Tout ces détails line-upistique pour vous faire comprendre la suite de mon propos : vous changez dans un même groupe l'un des 5 membres, qui est accessoirement le leader/compositeur, que vous remplacez par deux types, forcément, il va falloir s'attendre à de la nouveauté...
Dur challenge pour Aleksi Sihvonen, ancien chanteur d’IMPERANON et Daniel Freyberg à la guitare pour ce qui ne peut être considéré que comme le second acte de naissance de NORTHER. La page se tourne et le groupe va tenter ici d'en ouvrir une nouvelle.

Ce qui va frapper l'auditoire rapidement, c'est la modification des sonorités NORTHERiennes : exit le côté "brut de décoffrage" et bien "rentre-dedans" au profit de compositions plus mélodiques/mélodieuses/mielleuses.
Le jeu de guitares est mixé en avant ("The Last Time"), les nappes de claviers se font plus discrètes, la batterie plus catchy ("Some Day"), mais c'est surtout la voix d'Aleksi qui pourra surprendre : un exemple parmi d'autres avec "Truth" et son chant clair presque énervant dans ses sonorités popisantes et fadasses (l'énervant refrain de "Some Day"). Pour la voix black éructée, il faut avouer que le sieur assure une parfaite transition avec Pedri (recrutement judicieux de ce côté-là).

NORTHER poursuit son travail d'affranchissement de la lignée BODOMienne en développant des tracks mélodieuses largement plus typées Thrash/Black Mélodique. Si le morceau d'ouverture est sans doute le plus réussi ("Through It All"), on est en droit de regretter une homogénéité de composition notamment, et c'est flagrant, au sein même d'un même morceau : "Break Myself Away" propose des plans furieux, punchy, avec un chant puissant et plaisant avant des breaks et un refrain emmerdants... C'est terriblement dommageable pour la conservation de l'énergie dégagée et notre Metalomètre fait le yoyo entre de bons moments et d'autres plus anecdotiques, voire parfois risibles ("Truth" j'y reviens, non mais sérieusement ?!).

Au final, c'est un bilan en demi-teinte que l'on doit dresser ici : encore une fois trop facile d'accès et sans grande originalité ("Falling"), NORTHER a voulu réaliser un album fondamentalement de transition après les modifications profondes qu'il vient de subir.
On ne peut pas en vouloir aux membres du groupe d'avoir voulu rassurer les trve fans mais là encore, même si c'est moins pire que le "N", on est simplement dans le moyen, marquant l'itinéraire d'un groupe qui rentre dans le rang. A mon grand regret.

Note réelle : 2,5/5.

A noter l’exigence d'une version limitée contenant 3 bonus : "New Beginning", un titre (de circonstance !) instru aux claviers sans intérêt sauf pour une ouverture de jeu vidéo ou une activité annexe, une ballade acoustique ("Here You Call My Name") et la classique cover (une autre spécialité du groupe comme COB) avec un titre de LAMBRETTA, un groupe suédois de poprock ("Bimbo" dont la reprise est finalement assez proche de l'original après visionnement sur YouTube !!).