On peut dire qu'ils en ont fait du chemin depuis ce premier album. D'abord dans une optique de grind pour drogués, puis plus sérieux jusqu'à en devenir figure de proue, CEPHALIC CARNAGE est à ce jour une formation clé de la scène death moderne et a un statut d'incontournable pour tout amateur.
Donc je m’attelle ici à leur tout premier effort studio, qui, bien qu'il dispose de grandes qualités, reste ce qu'ils ont pu nous proposer de plus faible. Explications.

Donc c'est le premier effort longue durée des enfumés qui font mal au cerveau. C'est tout naturellement que l’œuvre dispose donc d'une certaine aura. En découlent de très/trop nombreuses rééditions, avec des pochettes toutes plus moches les une que les autres et des contenus variables (une édition propose même une vingtaine de tracks bonus, soit deux fois plus que ce que l'album véritable comprend !).
Je me base personnellement sur le remaster de 2005 avec une feuille de tabac magique qui cache un œil, et deux bonus tracks dont je ne vais pas parler. Voilà, maintenant on passe aux choses sérieuses. Justement bien trop sérieuses.

Alors déjà, si ma version est un remaster, je sais pas de quoi il retourne dans l'original mais putain ça doit pas être joli. Le son des guitares est d'un sec incroyable. Aride, aiguisé, franchement pas agréable. Au bout de même pas 5 minutes, on en crève de soif. A part ça la production globale se révèle plutôt bonne, mettant bien en valeur la batterie, la basse, le chant, bref tout, rien à redire pour le mix, mais ce son de guitare... Un grain que je ne supporte pas, voilà.

Passé ce premier obstacle, on peut constater que le groupe pose ses bases. Leur Hydrogrind prend forme. Hydrogrind ? Comme le dit le groupe, c'est le point de rencontre du grindcore et de la marijuana. Sorte de grind enfumé qui sera pleinement développé sur "Exploiting Dysfunction" mais qui est pour l'instant plutôt maladroit. Cassures de rythme de partout, quelques timides passages vers des styles autres, riffing élaboré, certes, les ingrédients y sont mais la fluidité et l'accroche manquent.
Tout est encore trop sage, les sauts brutaux et hystériques des deux albums suivants manquent grandement, on sent un potentiel pas encore affirmé (mais qui s'épanouira bel et bien). Cependant, on note un morceau de bravoure tout simplement excellent en plein milieu. "Extreme Of Paranoia" qu'il s'appelle, qui démarre en applaudissements et braque dans des recoins jazzy ambiants entre deux accélérations foudroyantes. Et qui finit sur du scratch dansant nullissimement drôle.

A côté de ça, Lenzig est déjà monstrueux au micro, alternant ses growls bien gras avec son panel traditionnel et incroyablement varié, et Johon Guanj est un boucher des fûts. La technique est globalement au rendez-vous, les riffs sont épineux et souvent dissonants, le death/grind aride fonctionne plutôt bien mais... Mais non. Trop classique, souvent poussif (les passages les plus lents sont particulièrement pénibles), les structures trop hésitantes, le véritable Hydrogrind n'a pas encore vu le jour, juste du death/grind bien branlé et chaotique mais sans véritable saveur.

Donc un premier opus qui remplit son rôle de premier opus : on fait les présentations. CEPHALIC CARNAGE nous montrent ce qu'ils savent faire, mélangent un peu tout (les influences extérieures ne sont tout bonnement pas intégrées du tout, juste utilisées en intros) et nous montrent qu'ils sont capables de livrer un produit honnête même ampoulé par un son moisi et des compos qui se cherchent.
Plus qu'à définitivement lâcher les chevaux et partir en vrille, et la machine de guerre shootée aux substances illicites qui sommeille au fond de cette rondelle se mettra enfin en branle et montera haut, très haut.

WAITING FOR THE MILLENIUM : premier opus qui se laisse écouter mais ne nous laissant qu'entrevoir l'Hydrogrind véritable, qui s'affirmera très bientôt...