Le problème avec les guitar-hero, c’est que s’ils excellent techniquement, la composition est souvent reléguée en arrière-plan. Chaque titre devient rapidement un prétexte pour étaler sa technique et sa rapidité, au grand dam du sens de la mélodie. JOHN 5 n’a pas échappé à cette règle avec ses précédents opus. Son premier album, aussi bon soit-il, sentait la maladresse, et les titres, d’un point de vue composition, en souffraient terriblement. Quelque chose manquait à l’appel, nous empêchant de nous plonger totalement dans la musique du guitariste.

Mais voilà, depuis son départ de MARILYN MANSON, JOHN 5 en a parcouru du chemin. Déjà 5 albums solos, et un album de remix au compteur. Sa musique s’en ressent. On sent qu’il veut en faire moins, pour faire mieux. Cet album se veut moins technique, et un vrai travail a été fait du point de vue de la construction des morceaux. Les riffs ne partent plus dans tous les sens, et les soli non plus d’ailleurs. Chaque titre présente à peu près la même construction, ce qui permet, au final, de s’y retrouver assez facilement.

Quant au style à proprement parler de l’album, John 5 continue sur sa lancée. Il continue de mixer les ambiances, en allant d’un titre résolument heavy sur "III Will Or Spite" en passant par un rythme country endiablé sur "Steel Guitar Rag" tout en s’essayant à une sorte de blues rock moderne sur "Portrayed As Unremorseful" (on notera la référence à "Rock n’ Roll" de LED ZEPPELIN en plein titre !). On pourra également relever quelques ambiances indus sur les intros de certains titres. On notera aussi la présence d’un invité de marque sur le titre "Ya Dig ?", celle du bassiste Billy Sheehan (d’où la présence d’un mini solo de basse sur cette piste). JOHN 5 surprend et désarçonne l’auditeur. Son originalité réside dans sa capacité à passer avec aisance d’un style à l’autre.

Ce manque de cohérence évident entre les morceaux d’un même disque est devenu une véritable marque de fabrique pour le guitariste. Cependant, il tente ici de rectifier le tir par le sens de la mélodie qui est apporté aux titres. Sans même vous en rendre compte, vous vous mettrez à taper du pied sur les trois quart de l’album. Les mélodies sont plus directes, plus faciles, plus mémorables, voire même un peu trop faciles sur le titre "The S Lot". Mais rien n’y change, cet album donne la patate.

Cependant, et malgré tous ses efforts pour captiver l’auditeur du début à la fin, on se dit que l’album aurait pu être amputé au moins des deux derniers titres. On commence à trouver le temps long, et à se demander si au final, on ne va pas les zapper. Ce qui est bien dommage, car on a entre les mains sûrement l’album de JOHN 5 le plus abouti. La production, notamment, y est excellente et tout cela laisse présager du meilleur pour la suite de sa carrière solo.

Certes, cet album n’est pas une révolution dans le monde des guitar-hero, mais JOHN 5 donne un coup de souffle au genre, en le rendant plus jeune, plus moderne, en le sortant également du penchant hard-fm dans lequel le style a pu s’enliser par le passé. L’album parfait pour découvrir l’artiste, et avoir un aperçu de l’ensemble de sa discographie.