TEN MINUTE WARNING, c’est l’histoire d’un groupe bancal, formé à Seattle en 1982 qui a réussi sous sa première mouture à faire parler de lui dans la scène rock locale. L’histoire raconte que ce groupe punk avait comme originalité de combiner à sa musique ce qui sera les prémices du Grunge. Plus lancinant, heavy et dépressif. Victime d’un jeu de "chaises musicales" récurrent, il convient néanmoins de proposer un instantané du line-up le plus représentatif du groupe. Celui qui participa à l’enregistrement du "8 pistes" nommé "Necropolitan Affair", étant la base la plus simple. Au micro, Steve Verwolf. À la batterie, Greg Gilmore (futur MOTHER LOVE BONE). Et aux guitares, deux transfuges du groupe THE FARTZ (charmant !!!), Paul Solger et Duff McKagan (futur GUNS’N ROSES, futur VELVET REVOLVER). Enchaînant les bassistes comme d’autres les perles, c’est McKagan qui se retrouve derrière la quatre cordes durant l’enregistrement de ce vinyle maintenant introuvable. Mésententes sur engueulades, conflits sur divergences, TEN MINUTE WARNING met un terme à ses activités en 1984. Ils avaient pourtant enregistré un album chez Alternatives Tentacles, le fameux label de Jello Biaffra (DEAD KENNEDYS), mais celui-ci ne vit jamais le jour.

Pourtant, le groupe marque les esprits, Stone Gossard (PEARL JAM) le cite volontiers comme celui qui l’a motivé à apprendre la guitare, tandis qu'Henry Rollins (BLACK FLAG) leur prêtait une dimension psychédélique digne d’un HAWKWIND.

C’est en rentrant à Seattle après son expérience chez les GUNS’N ROSES en 1997 que Duff McKagan, sous l’impulsion de Stone Gossard, se met à penser à une reformation. Évidemment certains problèmes se posent. Comme le remplacement du chanteur Steve Verwolf, purgeant une peine d’emprisonnement dans une prison fédérale. C’est encore Stone Gossard qui déniche et place le nouveau vocaliste, Christopher Blue. Palliant aux problèmes de bassiste, c’est aussi un nouveau venu qui officie, David Garrigues, autour des membres fondateurs, Paul, Greg et Duff. L’éponyme album "TEN MINUTE WARNING" paraissant en 1998 chez le mythique label Sub Pop, le même qui servit de tremplin à NIRVANA.

La galette comporte neuf morceaux, dont aucun ne provient du premier qui semble vouloir rester chez Alternatives Tentacles. A moins qu’ils ne soient définitivement perdus, ce qui est le plus probable. Effectivement, à l’écoute du disque, tout devient plus clair. Dès les premières notes de "Swollen Rage", nous comprenons que le grand écart entre l’énergie du punk et la dépression du Grunge est possible. Christopher Blue est effectivement le vocaliste rêvé. Son chant puissant et tourmenté accompagne à merveille les musiciens. Son talent est d’autant plus habité qu’il reprend, toutes émotions dehors, des titres sur lesquels il n’a jamais travaillé. A savoir, les deux reprises de THE FARTZ, "Buried" et "This The Way?" ainsi que "Mezz", un titre du second album solo de Duff, "Beautiful Desease", qui n’a jamais vu le jour non plus. De toute la scène grunge que l’on connaît, TEN MINUTE WARNING ressemble plus au SOUNDGARDEN période "Badmotorfinger" sans la prod'. "Disconnected" en est un exemple parmi d'autres. Les guitares sont méchamment affutées, nous ne connaissions pas à Duff tant de talent en la matière ("Face First", "No More Time"). Les compos majoritairement "rentre-dedans" se font parfois cotonneuses sans être pour autant des ballades ("Erthe", "Pictures"). Les musiciens savent rester attrayants pour l’oreille, ne restant pas dans les plans linéaires et basiques que l’on trouve souvent dans le punk.

TEN MINUTE WARNING n’est pas sorti du lot en 1984 et arrive après la bataille en 1998. Loin d’être mauvais, ce groupe ne restera dans les mémoires que de quelques puristes. TEN MINUTE WARNING le maudit avait-il d’ailleurs des velléités commerciales ou se contentait-il d’exister? Pourtant, il y avait un gros potentiel. Avis que ne partagea pas Paul Solger, qui quitta le groupe pour divergences musicales alors que Duff partagea son temps entre son projet LOADED et les VELVET REVOLVER. Quant au premier chanteur, Steve Verwolf dans la plus grande tradition décadente du rock’n roll, mourût d’une overdose d’héroïne en 2008.

Fin de l’histoire.